Nous y sommes, c’est l’ouverture, demain, de la saison de l’Opéra de Nice avec la Première de la nouvelle production de Macbeth de Giuseppe Verdi qui sera dirigé musicalement par l’habituel maître des lieux, un autre italien, Marco Guidarini à la tête de l’Orchestre Philharmonique depuis 7 ans
A son époque du XIXe siècle, Verdi – dans son adaptation de la fameuse pièce de Shakespeare- avait voulu y mettre de la contemporanéité avec des allusions à la situation politique de son pays, l’Italie, écartelé entre plusieurs petits états régis par les grandes puissances. Il ne faut pas oublier non plus ses drames personnels comme le décès de sa femme et de ses deux enfants. Dans les petits villages, on chantait les airs de Verdi comme presque un acte politique à l’image du compositeur qui souhaitait vivement l’unité de son pays. Sa difficulté d’adaptation de Macbeth provenait du fait qu’il ne parlait pas l’anglais et que sa seule compréhension venait d’une traduction française.
Sur la base du livret de Piave écrit en 1847, qui ne le satisfait pas car il juge le langage du librettiste trop figé dans des lieux communs au niveau de la rhétorique comme en a parlé Marco Guidarini lors d’une conférence de présentation à la BMVR de Nice, il va attendre huit ans avant de presque réaliser une nouvelle écriture, la version qui sera présentée à Nice. Savez-vous que la trame de cette pièce est totalement véridique, que Macbeth était un Roi d’Ecosse du XIe siècle, qu’il a bien assassiné Duncan pour prendre le trône avant de finir de la même manière ?
Pour mieux rendre compte de la psychologie des personnages de ce drame de la conquête du pouvoir par tous les moyens et de la schizophrénie qui en découle, il ne veut pas d’une « voix qui soit belle » pour le rôle de Lady Macbeth et n’hésite pas à modifier l’écriture vocale pour rendre les sentiments, exprimer toute la complexité et la noirceur de cette âme criminelle. Une tragédie qui a inspiré Shakespeare qui lui-même a inspiré Verdi.
Si Verdi voulait être un homme de son temps au XIXe, Marcello Lombardero, dans sa mise en scène au XXIe entend rester dans cette démarche de modernisme en transposant l’action de Macbeth dans le monde contemporain avec notamment l’utilisation de murs d’images d’actualité ou de synthèse, des costumes qui n’ont plus rien à voir avec les grandes capes, chapeaux à plumes, jabots et autres dentelles d’un autre temps. 
Clin d’œil supplémentaire de la modernité, le téléphone portable qui est bien présent sur scène mais ne sonne pas tout comme dans la salle. Et puis je ne vous parle pas de la tenue et du physique des sorcières, « Carabosse » peut aller aux oubliettes ! L’ambition des dictateurs décrite dans Macbeth est pourtant toujours d’actualité, il suffit de transposer les personnages dans le monde moderne, de changer les identités et le constat est encore affligeant. On ne pourra s’empêcher de penser que le metteur en scène argentin a connu lui aussi ce type de situation et que cela a du laisser des traces dans son travail pour Macbeth.
C’est également une belle note d’espoir pour tous les peuples opprimés, servie par une distribution remarquable et dirigée magistralement par un Marco Guidarini qui doit être attentif à son orchestre, au Chœur de ce même Opéra, tout en y mettant sa passion et sa connaissance de Verdi.
Après ses quelques informations –si vous ne le saviez pas- vous n’allez plus regarder cet opéra de la même manière.
Mélodrame en 4 actes / Mise en scène de Marcelo Lombardero / Direction musicale de Marco Guidarini avec l’Orchestre Philharmonique et les Chœurs de l’Opéra de Nice.
Macbeth de Verdi
vendredi 31 octobre à 20h/ dimanche 2 novembre à 14h30 / mardi 4 et jeudi 6 novembre à 20h
Opéra de Nice
Information et réservation au 04 92 17 40 79 ou www.opera-nice.org
