« Fermez les yeux. Ecoutez la rue ». Deux phrases de Ben écrites sur une station du Tramway Niçois. On est sur l’avenue Jean Médecin à quelques pas du centre commercial Nice Etoile. Sur les rails, point de rame, le tramway était déjà en grève, seulement des manifestants. Ils étaient quelques milliers à défiler mardi matin entre la Tête Carrée et la Place Masséna. Le mot d’ordre était le même que partout en France : la défense de la fonction publique, l’augmentation des salaires et du pouvoir d’achat. Les manifestations du mardi 20 novembre ont rassemblé près de 700.000 personnes dans toute la France (375 000 selon la police), des fonctionnaires essentiellement, accompagnés de cheminots et d’étudiants. La manifestation s’est déroulée dans le calme à Nice. Les rangs n’étaient pas vraiment serrés et les slogans déjà entendus : « Augmenter les salaires ». Le cortège Niçois était clôturé par les étudiants qui ont commencé dernièrement le mouvement dans les Alpes Maritimes. Ils étaient quelques centaines. Ils ont improvisé un sitting devant la permanence du député de la majorité Rudy Salles, avenue Jean Médecin.
En écoutant d’un peu plus près, en tendant l’oreille, les invectives sont dirigées essentiellement sur Nicolas Sarkozy. « Lui seul peut se permettre de s’augmenter du jour au lendemain de 140%. Les députés UDF l’ayant soutenu ont reçu plus d’argent. Moi je suis enseignante depuis 19 ans. Et j’ai l’impression que mon salaire a chuté de 140% ! Ce qui me révolte le plus c’est l’abus de pouvoir. Si je veux être augmentée je dois faire grève et manifester. Je ne suis pas du tout convaincue par le résultat et je perds une journée de salaire. Notre président peut lui seul se lever le matin et se dire : « tiens si j’augmentais mon salaire ». Je trouve ça indécent ! » Le discours de Danièle reflète l’ambiance de la manifestation. A la sortie d’un magasin, Paul, non manifestant et simple observateur analyse : « Je comprends leur colère. Je comprends aussi celle de ceux qui sont perturbés par les grèves. En fait, je crois que ce n’est pas tellement le pouvoir d’achat qui a baissé. C’est surtout nos besoins qui ont augmenté. » Il prouve son analyse en ouvrant son sac, sortant une boite où se trouve un téléphone portable : « Vous voyez : j’ai acheté un deuxième mobile. Mon épouse et moi-même en avons chacun un. J’ai payé celui-là 63 euros avec un forfait à 45€. C’est autant de dépense que nous ne faisions pas il y a 20 ans. » CQFD.
Plus de photos : site de Marc Monticelli