N’est-ce pas une preuve de laïcité que d’avoir voulu débattre sur l’implantation d’une mosquée à Nice ? C’est ce que l’on pouvait espérer, naïvement. Mais trop naïvement. Ce débat, initié d’abord par le Sénateur-maire de Nice Jacques Peyrat et le Conseil Régional du Culte Musulman s’est transformé bien malgré nous. Peut-être par jeunesse, d’autres diront par maladresse. Essayons de nous reconcentrer sur le sujet.
Cette question a malheureusement été récupérée par certains sites web appellant leurs forumistes à voter en masse. Ainsi, le vote ne représente plus les opinions des Niçois. Il est devenu une lutte d’idéologie extrémiste, un combat pour détenir la vérité. Notre site, l’espace d’un week-end, a été, en quelque sorte, le terrain d’une guerre religieuse. Nice-premiere est un espace de tolérance où l’on ne peut admettre les propos haineux et véhiculant des effluves xénophobes, islamophobes, islamistes et christianophobes. Chacun peut s’exprimer librement mais en respectant autrui. De nombreux messages étaient même pénalement condamnables, des messages que nice-premiere refuse de relayer.
Revenons aux réactions politiques : Elles sont unanimes sur le bien fondé de l’implantation d’une mosquée à Nice aux nom de la liberté de culte. Pendant que Jean-Christophe Picard (PRG) rappelle que nous allons célébrer le centenaire de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, Auguste Vérola, adjoint aux cultes à Nice (UMP), précise que permettre à tous les Français de prier s’inscrit dans un cadre légal. Le Sénateur maire Jacques Peyrat, en organisant samedi une table ronde avec des représentants des « cités » Niçoises a voulu faire un geste, symbolique pour l’instant. Il ne le restera pas si, dans les prochaines semaines, il se rend, comme il l’a promis, dans les banlieues pour poursuivre le dialogue initié avant-hier.
C’est un signe fort pour restreindre le repli communautariste. Auguste Vérola réclamait que tout le monde se mette autour d’une table. Nous sommes dans le hall d’entrée. Les présentations sont faites malgré les distensions. La table est dressée. Il faudra que les invités acceptent de s’asseoir pour qu’une solution soit trouvée afin que les musulmans puissent prier dans les mêmes conditions que les croyants des autres religions.
Il reste à se demander quand seront entamées ces discussions de façon concrète ? Le débat demeure ouvert… Quelles sont les clés de celui-ci ? Tout d’abord qui doit financer ? Le risque est que la Mosquée niçoise soit construite avec des fonds sujets à polémiques. Le bâtisseur, Abdelhamid Razzouk, le président de l’association Moubarak et membre du Conseil régional du culte musulman devra s’attendre à ce qu’on lui demande de montrer pattes blanches. L’irréprochabilité sera nécessaire pour réduire à néant les discours des opposants.
Le plus dur sera alors de trouver le lieu. Pas évident. Les Niçois ne sont pas majoritairement pour l’implantation d’une mosquée. Par méconnaissance de l’Islam souvent. Par peur aussi. Ce sera à Jacques Peyrat de convaincre ses électeurs après s’être convaincu lui-même. A condition que les tensions soient apaisées pour que les décisions soient prises dans la sérénité républicaine, démocratique et citoyenne.
Vincent Trinquat