Le but était de partager différentes expériences de développement à l’international afin d’évoquer les problèmes et les opportunités rencontrés par les entrepreneurs ainsi que les solutions envisageables.
Parmi les interventions, Mauro Michelini, expert comptable en France, en Italie et en Suisse, a soulevé le fait que des problèmes culturels persistent entre les deux pays, ainsi que des problèmes juridiques et fiscaux. Les différences culturelles se perçoivent ainsi dans le fondement-même du système entrepreneurial comme dans les institutions, les modes de paiement, les formes contractuelles, les démarches à suivre qui varient de pays à pays et divergent parfois complètement entre la France et l’Italie : par exemple, le centre des Impôts n’a pas la même structure et la même compétence en France et en Italie. De même, selon l’expérience de Jean-Laurent Lepeu, directeur de la Société Imminence en France et de sa filiale Emulis en Italie, le système de virement bancaire automatique, très habituel en France, peut-être interprété comme un manque de confiance par un confrère italien!
Ces différences sont également perceptibles dans les réglementations du droit du travail et de l’entreprise qui divergent d’un pays à l’autre. Le système français des lois de sauvegarde des entreprises en France a été évoqué et défendu par Jean-François Tognaccioli pour son efficacité à traiter les recouvrements de créances. Mauro Michelini, lui, a loué le système italien pour sa rapidité d’action.
Tous ont été d’accord pour souligner que s’implanter dans un pays voisin peut avoir de grande perspective de réussite si :
- le produit a été étudié pour le pays visé
- la situation financière des partenaires potentiels transalpins a été vérifiée (par la visura camerale en Italie, la vérification du K bis en France)
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les accords ont été écrits noir sur blanc
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l’entrepreneur s’entoure de conseillers experts biculturels (Mauro Michelini dénote une quinzaine d’avocats bilingues entre la France et l’Italie)
Afin de répondre aux problématiques posées par les entrepreneurs, la Chambre de Commerce Italienne a mis en place en 2008 un service de médiation en réaction aux situations de litiges entre entités françaises et italiennes. Cette close rajoutée aux contrats effectués entre entreprises françaises et italiennes garantit la possibilité de recourir à un service d’avocats spécialisés neutres en cas de litiges pour régler les conflits à l’amiable et éviter ainsi les procédures à rallonge. Un service qui, selon Maître Concas, provoque « une réaction psychologique immédiate », facilite la signature des contrats et incite à la confiance réciproque.
Sous l’impulsion de ce dialogue créatif, la Chambre de Commerce Italienne a décidé de renouveler ces rendez-vous et d’aller plus loin dans le conseil aux entreprises à travers le lancement début 2009 d’un Club des dirigeants franco-italien regroupé par secteurs.
A ce titre, la mission du Club des dirigeants franco-italien sera :
- d’informer par des conseils des experts techniques et d’avocats spécialisés biculturels
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d’échanger les différents savoirs et les expériences de chacun afin d’éviter certaines erreurs et de gagner du temps dans ses actions
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de développer son réseau professionnel
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de créer un pôle d’avocats pilotes chargé de défendre les intérêts communs des entreprises devant les plus hautes instances.
A ce propos, Maître Concas a rappelé que « plus de 5 millions de procédures civiles et commerciales sont en cours en ce moment entre la France et l’Italie ». La Chambre de Commerce Italienne se propose donc d’unir les forces des entreprises au sein d’un comité d’avocats experts pour des procédures communes.