Alors que les campagnes de vaccination des Etats membres ont démarré à des rythmes différents le 27 décembre dernier, l’Union européenne, qui a dévoilé sa stratégie vaccinale encadrant l’action des Vingt-Sept en la matière, doit parvenir à trouver un équilibre précaire entre différents objectifs.
Le premier de ces objectifs consiste à assurer la sécurité sanitaire des Européens. Cela passe par la nécessité de garantir aux populations du continent l’accès au vaccin – à des prix plus intéressants en mutualisant les achats – pour pouvoir déclencher l’immunité collective contre le virus, mais aussi par un contrôle poussé des candidats vaccins proposés par les laboratoires.
Contrairement aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni qui ont donné des autorisations de mise sur le marché d’urgence (plus rapides, mais aussi moins poussées en termes de contrôle), la Commission européenne a donc accordé une autorisation de mise sur le marché conditionnelle – plus exigeante en termes d’examen scientifique – à Pfizer/BioNTech ainsi qu’à Moderna. Dans les mois à venir, elle pourrait en faire de même pour les autres candidats vaccins pour lesquels elle a signé des contrats.
De la même manière, la Commission européenne a tenu à garantir l’égalité entre les Etats membres pour l’accès au vaccin. Cela signifie donc qu’elle a par exemple limité les distributions hebdomadaires à 520 000 doses pour la France, un quota que Paris juge insuffisant pour mener à bien sa campagne de vaccination nationale. Les critiques du gouvernement français à ce sujet soulignent la problématique de l’Union : tout le défi pour Bruxelles consiste donc à permettre aux Etats membres de bénéficier d’un stock suffisant de doses, tout en garantissant un égal accès à celui-ci pour les Vingt-Sept.
La Commission européenne a autorisé la mise sur le marché conditionnelle du vaccin élaboré par Moderna, le 6 janvier 2021. Critiquée – notamment en Allemagne – pour sa lenteur et le faible nombre de doses de vaccin commandées, elle a également signé un nouveau contrat avec BioNTech/Pfizer deux jours plus tard pour doubler ce nombre réservé aux Européens.
Autre chantier qui devrait animer 2021 en matière de santé, la reconquête d’une souveraineté sanitaire européenne. La pandémie a en effet souligné la dépendance de la chaîne d’approvisionnement européenne aux importations d’Asie. Aujourd’hui, la Chine et l’Inde produisent 80 % des matières premières nécessaires à la fabrication des médicaments consommés en Europe. Un constat qui a donc poussé l’Union européenne à élaborer sa stratégie pharmaceutique.
Pour inverser cette tendance, l’Union européenne projette de se doter d’une agence de recherche biomédicale dont la constitution sera précisée avant la fin de l’année. Elle a également acté un cadre financier pluriannuel 2021-2027 ambitieux en matière de santé, puisque le programme EU4Health est doté de 9,4 milliards d’euros, un montant 20 fois supérieur à celui de l’exercice précédent.
La stratégie vaccinale de l’Union devrait être au cœur du premier Conseil européen de l’année, le 21 janvier.