Le complexe Jean-Bouin, emblématique pour les Niçois, a fait l’objet de nouvelles annonces de la part du maire Christian Estrosi. Entre modernisation et débats sur la gestion financière de la ville, la possible démolition de ce site sportif suscite des réactions contrastées parmi les élus locaux.
La semaine dernière, lors d’un point presse, Christian Estrosi a évoqué des travaux significatifs pour le complexe sportif Jean-Bouin. L’édifice construit en 1984 accueil aujourd’hui notamment une piscine olympique et la patinoire du club des Aigles de Nice. L’objectif affiché ? Remplacer ces équipement, par des structures plus modernes et conformes aux normes. Selon l’édile, ce projet s’inscrit dans une démarche de transition énergétique. Ce choix est justifiée par la consommation actuelle d’énergie du complexe, estimée à 1,2 million d’euros par an.
Malgré l’annonce de cette rénovation partielle, des zones d’ombre demeurent. Christian Estrosi avait, en effet, évoqué lors d’une visite à la Fondation Pauliani son intention de « tout faire tomber ». Il est ensuite revenu sur ce projet en précisant que seules la piscine et la patinoire étaient concernées. Le maire a assuré que les bureaux et le parking de 2 000 places, jugés indispensables, seraient préservés. Seul la verrière, située dans les derniers étages du bâtiment pourrait être détruite. Le calendrier de ces travaux reste toutefois flou, avec un report possible jusqu’après les Jeux olympiques d’hiver de 2030. Un événement qui va obliger la création d’une nouvelle patinoire dans les cinq prochaines années.
Vives réactions de l’opposition locale
Les réactions à cette annonce ne se sont pas fait attendre. Éric Ciotti a dénoncé sur le réseau social X une gestion qu’il juge déraisonnable des infrastructures de la ville. Il a fustigé le projet de démolition en raison de la situation budgétaire de Nice, qualifiée de « quasi-faillite ». Dans un contexte d’endettement croissant, le député de la 1ère circonscription des Alpes-Martimes estime que des équipements publics aussi appréciés des Niçois ne devraient pas être détruits sans une vision claire de leur remplacement.
Le Rassemblement national, par la voix de Benoit Kandel, a également critiqué la décision, la qualifiant de « brutale ». Il rappelle que la ville a récemment démoli d’autres infrastructures, comme le Théâtre National de Nice et le Palais des Congrès Acropolis, rénovés à grands frais. Ce dernier s’interroge sur les priorités financières de la municipalité. Le bureau niçois du Rassemblement national a d’ailleurs interpellé le préfet des Alpes-Maritimes pour envisager un audit des finances de la ville, à travers la Chambre régionale des comptes, et ainsi prévenir une mise sous tutelle.
Le débat sur l’avenir des équipements sportifs
Pour certains élus, cette démolition partielle soulève des questions au-delà des finances. Patrick Allemand, autre opposant au projet, voit dans cette démarche un risque de privation pour les habitants de l’est de Nice. Une population particulièrement attachés à la piscine olympique de Jean-Bouin. Selon lui, une simple rénovation, maintes fois reportée, aurait pu suffire pour ces installations sans nécessité de destruction.
Ce débat révèle les tensions autour de la politique urbaine niçoise, entre rénovation nécessaire et préservation du patrimoine existant. Pour Christian Estrosi, la rénovation du complexe est essentielle pour offrir aux Niçois des installations modernes, en phase avec les exigences énergétiques actuelles. Mais l’opposition insiste : à l’heure où la situation budgétaire de Nice est préoccupante, les décisions de démolition doivent être soigneusement réfléchies, avec une vision à long terme de l’utilisation des fonds publics.
Le dossier reste donc ouvert, et la question de l’avenir du complexe Jean-Bouin pourrait encore susciter de nombreux débats.