Il est de bon ton de geindre sur les difficultés et le mal vivre qui assaillent les jeunes générations qui n’ont pas eu la chance de vivre pendant les merveilleuses Trente glorieuses.
Dans une enquête publiée par l’hebdomadaire L’Express (1968-2018, comment tout a changé), quelques chiffres (relatifs à la France) permettent de raison garder.
Sur l’espérance de vie :
En 1968, l’espérance de vie des hommes est de 67,7 ans et en 2018 de 79,4 ans (11 ans et 7 mois de gagnés)
En 1968, l’espérance de vie des femmes est de 75,1 ans et en 2018 de 85,4 ans (10 ans et 3 mois de gagnés)
En 1968, il y avait 1000 centenaires, en 2018, il y en a 21400 (soit 21 fois plus)
Ces chiffres sont extraordinaires, gagner 10 ans de vie est un privilège considérable.
Quelles considérations grincheuses peuvent résister à cela ? Remarquons entre autres que la période en question intègre pourtant les années Sida.
Sur l’indépendance des femmes :
En 1968, le taux d’activité des femmes était de 48%, en 2018 il est de 83% (presque le double), celui des hommes étant à peu près stable (de 97% à 93%)
En 1968, les femmes se marient en moyenne à 23,8 ans, en 2018 à 35,2 ans
En 1968, elles ont leur premier enfant à 24 ans, en 2018 à 29 ans
Cela signifie tout simplement que la femme n’est plus programmée pour se dévouer à un homme et devenir mère au foyer dès sa sortie de l’école. Désormais elle travaille, développe sa carrière professionnelle, choisit un partenaire, fait des enfants et éventuellement se marie. Un parcours qui préserve son indépendance et ses choix. Difficile là aussi de ne pas voir un progrès important.
Divers :
En 1968, le taux d’occupation par logement était de 3,1 personnes, il est en 2018 de 2,2 personnes. On est donc en moyenne mieux logé (et l’étude ne parle pas d’éléments de confort comme par exemple la multiplication des salles de bain).
En 1968, seulement 42% des Français étaient propriétaires de leur logement, en 2018, 58% (presque un tiers de plus).
Même si le logement reste un problème, ces chiffres dénotent un progrès (au moins deux Français sur trois n’ont plus de problème en la matière).
En 1968, la consommation d’alcool était de 24,0 l/personne, elle est de 11,7 l en 2018 (division par 2). On parle là quand même d’un fléau national en voie de résorption.
En 1968, 19,6% de la population avait le Bac pour 78,8% en 2018. Il y avait en 1968, 695 000 étudiants contre 2 561 000 en 2018.
Même si des doutes planent sur le niveau de l’examen et des universités, ces chiffres sont positifs car à l’arrivée nous avons 45% de diplômes du supérieur, soit trois fois plus qu’en 1968.
Il semblerait même qu’on devienne… plus grand : la taille moyenne passe de 1,60 m à 1,65 m pour les femmes et pour les hommes de 1,70 m à 1,78 m.
Tout ça pour dire que non, ce n’était pas mieux avant !
par Patrick Mottard