Alors que le président de la Commission européenne a présenté le « paquet Juncker » pour une relance de l’activité en Europe par l’investissement, quels sont les secteurs dans lesquels ces investissements pourraient se concentrer ?
L’analyse globale du retard d’investissement dans la zone euro a confirmé le besoin d’un effort européen de relance macro-économique qui passe par des investissements, publics ou privés, engagés très rapidement, même si ce diagnostic varie selon les pays.
Quel potentiel d’investissement dans les transports, l’énergie et le numérique, les trois secteurs clefs, peut-on envisager dans le cadre du plan Juncker ?
Le potentiel d’investissement existant dans ces secteurs clefs pourrait atteindre 120 milliards d’euros par an soit, sur trois ans, et être supérieur, à lui tout seul, aux prévisions du plan Juncker.
Ce montant – maximaliste – correspond principalement à la mise en oeuvre d’une politique énergie-climat ambitieuse.
De ce fait, quels que soient les choix retenus, les projets devront avoir fait l’objet d’une sélection rigoureuse. Étant donné les contraintes budgétaires actuelles, sélectionner soigneusement les investissements recherchés, dont l’utilité sociale doit être validée, est impératif : l’évaluation socio-économique constitue l’outil adéquat, notamment pour prendre en compte les externalités environnementales qui les justifient aujourd’hui.
La réalisation de ces investissements suppose également de bien identifier les freins actuels à l’investissement.
Les leviers d’une stratégie européenne d’investissement sont à la fois fiscaux et réglementaires, financiers et fondés sur la sélection de projets d’avenir.
Dans le cas de l’investissement public, la contrainte budgétaire pesant sur la plupart des pays européens constitue l’obstacle majeur.
Pour l’investissement privé, au-delà du déficit de demande globale, il peut s’agir d’un manque de capital disponible ou de crédit pour l’investissement risqué. Il y a enfin les freins réglementaires ou liés à l’absence de trajectoire crédible, par exemple l’incertitude sur le prix du carbone, qui pèsent sur les investissements requis dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Dans les secteurs régulés, la capacité des autorités publiques à s’engager de manière crédible sur le cadre réglementaire et les conditions de la tarification est une condition essentielle de la réalisation des investissements par les entreprises.
Un bon usage des signaux prix (carbone), des normes (bâtiment, pollution) et des garanties publiques déclencherait massivement des investissements dans les différents secteurs, sans nécessairement accroître le recours au financement public.