Le rapport statistique 2016 du Secours Catholique repose sur l’analyse de 85 179 situations distinctes parmi les 1 463 000 personnes accueillies par le Secours Catholique en 2015. Il dessine un paysage de la France des pauvretés où les disparités territoriales et les inégalités ne cessent de se creuser.
608 500 familles ou personnes seules en difficultés rencontrées en 2015. Un chiffre en augmentation de 2,7% par rapport à 2014.
Le constat est sans appel. Année après année, le rapport statistique du Secours Catholique pointe un maintien du niveau de la pauvreté et une incapacité de la société à se mobiliser pour la faire reculer. Plus grave, certaines catégories de la population voient leur situation se dégrader : familles, femmes, enfants et personnes d’origine étrangère. L’association appelle l’ensemble des candidats aux élections 2017 à faire de la fin de la pauvreté l’enjeu prioritaire.
La parole à Bernard Thibaud, secrétaire général du Secours Catholique-Caritas France
NP:Quels constats peut-on faire sur l’évolution de la pauvreté en France ?
Près de 9 millions de personnes, dont 3 millions d’enfants, vivent dans la pauvreté en France. Nous constatons une précarisation croissante des familles, des femmes et des enfants, ainsi que des personnes d’origine étrangère, avec davantage de personnes sans ressources, en logement très précaire. Contrairement à ce que l’on croit cette augmentation n’est pas due à l’accroissement du nombre de migrants présents sur le territoire mais au fait que la situation de cette catégorie d’individus est de plus en plus fragile.
Depuis dix ans, cette précarisation s’accroît et nous ne parvenons pas à faire reculer la pauvreté dans notre pays. Cela mine les fondements de notre société. La lutte contre la pauvreté, et particulièrement contre le chômage de longue durée, devrait être portée au plus haut niveau dans la campagne électorale, ce qui n’est malheureusement pas le cas.
Dans L’État de la pauvreté en France, le Secours Catholique souligne que les personnes rencontrées sur le terrain viennent chercher une aide matérielle (notamment alimentaire), mais aussi une écoute et un accueil.
Cela prouve que « la pauvreté n’est en aucun cas une réalité seulement monétaire, elle revêt (aussi ) une dimension morale », note le sociologue Nicolas Duvoux. Les personnes sans ressources souffrent avant tout d’isolement et ont besoin de partager leur détresse.