On l’attendait, un temps, comme possible candidat à Nice ou à La Trinité, on le retrouve finalement directeur de campagne de la candidate Front National, Marie-Christine Arnautu, pour les prochaines municipales niçoises. Une carrière initiée aux côtés de Jacques Peyrat puis un envol précoce, qui est réellement Gaël Nofri ?
Nice-Premium Christian Estrosi, maire sortant, seul contre tous, c’est un scénario probable ? Quel sera le positionnement sur l’échiquier politique des uns et des autres. Ce sera une élection qui se jouera sur le bilan de cette mandature ou sur le programme de la prochaine ?
Gaël Nofri : Le schéma de l’élection municipale qui se profile à l’horizon apparait désormais clair. Il met en scène Christian Estrosi, élu local et national sortant, avec son bilan et les conséquences de ses choix politiques face à ce qu’il convient bien d’appeler la candidature neuve de Marie-Christine Arnautu. En dehors de cela, excusez moi de le dire tel que cela me vient, il n’y a que des faire-valoir issus de partis politiques en perte de vitesse et sans capacité à présenter une véritable opposition au Maire de Nice. Ceux-là et quelques égos parfois de qualité, mais bien insuffisants pour le débat qui nous intéresse.
Voyez vous, je ne crois pas aux formules toutes faites : Une élection c’est un bilan, ou alors c’est un programme, un homme ou une liste… En réalité une élection municipale c’est une alchimie complexe, une rencontre de tout cela.
Personne ne peut concevoir la candidature de Christian Estrosi indépendamment du bilan qui est le sien depuis 6 ans. Le retard pris dans la ligne 2 de Tramway, l’abandon du projet de LGV, le maintien de la prison à Pasteur, le coût exorbitant du montage financier ambigu du grand stade, l’avenir bradé du quartier Libération-Malausséna, la paupérisation du centre-Ville, la dette abyssale de la Métropole… qui prétendra que cela n’a pas d’importance ? Pour autant, il ne saurait être question de résumer une élection municipale à du passé : Il s’agit d’abord et avant tout de parler du devenir azuréen. Pour cela il convient de proposer des projets de développement, une vision du territoire, de prendre des engagements en terme fiscal aussi… Je crains par exemple qu’une réélection de Christian Estrosi signifie une hausse des taux communaux d’imposition plus importante encore que celle qu’il avait décidé dès son élection de 2008. Une hausse de 20% c’est une conséquence directe et immédiate pour les niçois… une conséquence durable aussi car valable pour 6 ans !
Je rajouterai aussi que la politique locale ne peut se résumer au débats purement municipaux… Ceux-ci sont certes nécessaires et salutaires mais ils doivent être intégrés dans une réflexion autrement plus vaste… Qu’attendent les électeurs de leur Maire? Un mieux vivre… et bien ce mieux vivre passe inévitablement par la dénonciation de choix nationaux qui ont été néfastes pour le pays, néfastes pour notre population, néfastes pour notre qualité de vie. L’immigrationisme, le mondialisme qui sont des idéologies et non des faits inéluctables sont aux nombre de ces mauvais choix. Je ne crois pas que les élus qui ont voté, soutenu ou cautionné le Traité de Lisbonne, les accords de Shengen ou qui acceptent une politique sociale de préférence immigrée soient en mesure de décemment proposer autre chose que ce qui se fait déjà: gérer l’urgence, assaisonner la décadence.
Nice-Premium : Vous êtes le directeur de campagne de Marie-Christine Arnautu, une « parachutée ». Comment pourra-t-elle se faire reconnaitre et accepter par les niçois comme une des leurs ? Et quel impact pourra avoir la politique nationale dans une élection qui est avant tout locale, il s’agira d’élire le maire de Nice !
Gaël Nofri:Je crois en l’ancrage local, au travail de proximité et d’écoute… C’est ce travail que j’ai essayé de mettre en œuvre au quotidien. Je sais que Marie-Christine Arnautu partage les mêmes préoccupations, les mêmes valeurs, la même démarche en la matière. Vous savez, faire de la proximité c’est d’abord et avant tout un choix politique: une démarche d’esprit, une volonté d’aller vers l’autre. Ma conviction est que les qualités de coeur et les valeurs de la candidature portée par Marie-Christine Arnautu sauront répondre aux attentes légitimes de la population dans ce domaine, bien plus que ne le font aujourd’hui ceux qui se sont enfermés dans une position distante, dans un refus du débat, dans un mépris du monde associatif et des comités de quartier… dans une course pathétique à l’Elysée aussi.
Je crois que l’impact de la politique nationale n’est pas dissociable de la politique locale : c’est le devoir de cohérence. Jouer les gros bras à Nice pour faire l’émasculé à Paris ne put entrainer que des frustrations et par là même des haines. On ne peut pas expliquer quelque chose ici et accepter de soutenir son contraire là bas… Une illustration de ce phénomène nous est fournie avec l’affaire des Roms. Comment expliquer en effet l’attitude violente et véhémente du maire de Nice alors même que c’est le Gouvernement auquel il appartenait qui a permis l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’UE ? C’est lui qui leur a ouvert les porte de Schengen… Alors même que c’est son parti qui a soutenu au Parlement Européen l’adhésion de ces deux pays à Shengen.
Nice-Premium : Nous sommes dans la soirée du 1er tour. Quel résultat attendez-vous?
Gaël Nofri : Je ne lis pas dans le marc de café et je ne maitrise pas bien le jeu du tarot. Ce qui est certain c’est que la Gauche est discréditée : Par ses échecs nationaux évidemment, mais aussi par l’incapacité qui fut la sienne à incarner pendant six ans une véritable opposition, une alternative crédible et construite. Pour Patrick Allemand, le temps est passé, je crois d’ailleurs qu’il le sait, sa désignation contestée et contestable dans une ambiance atone et des oppositions latentes n’est que l’expression d’une réalité plus profonde. Pour le reste on ne fait pas de la politique sur la volonté de revanche sur l’aigreur ou sur la haine personnelle…
Ce n’est pas cela qu’attendent les niçois pour sortir de la vision sclérosée et clientéliste qui est celle de Nice actuellement, pour s’extraire du danger de mort qui guette. Pour Nice, il faut une vision de l’intérêt général, il faut une indépendance dans l’approche politique, un réalisme dans les promesses… Il faut du neuf et vite !
Nice-Premium: Quelle alliances ou désistements au second tour ?
Gaël Nofri : Je ne saurais vous dire… La seule chose que je peux vous dire c’est qu’il convient d’être logique vis à vis du discours tenu: les ralliements de dernières minutes après des mois d’opposition ne peuvent qu’être le fait de calculs politiciens, pas de convictions réelles.
La vie politique niçoise est en général un marigot. Il serait bon d’y mettre un peu de valeur et de conviction afin d’éviter certaines alliances de circonstance. Les rapprochements contre nature ont le don d’exaspérer, à juste titre, nos concitoyens…
Nice Premium : Pour finir , parlons de vous . Serez -vous en seconde position sur la liste Front National comme on le murmure en coulisses ?
Gaël Nofri : Marine Le Pen avait suggéré cette éventualité dans son interview du 19 janvier dans Nice-Matin. Je ne réclame rien. J’ai fait la preuve de mon engagement dans la vie politique locale depuis 10 ans… Aujourd’hui j’ai accepté de diriger la campagne de Madame Arnautu sans rien réclamer, sans rien exiger. Je crois très sincèrement que d’autres personnes peuvent légitimement prétendre à la seconde position or, je ne suis pas dans une querelle d’égo, mais dans la quête de l’utilité publique.
C’est à Marie-Christine Arnautu, en accord avec Marine Le Pen, de dire quelle peut être ma place et mon rôle, de répondre à la seule question qui vaille au final: dans l’opposition ou la majorité, puis je apporter quelque chose au conseil municipal dans les six années à venir ? C’est à l’aune de cette question que j’espère être jugé.
