L’Association « Madame Côte d’Azur », a organisé une conférence à l’hôtel Westminster, lundi 30 janvier. Le sujet du jour : le cheminement des femmes de la fin du XIX ème au XX ème siècle. Animé par M. Gastaut, maître de conférence à Nice, ce discours a été instructif et attrayant. De quoi suscité de vives réactions… chez les hommes comme chez les femmes.
Les femmes du XIX ème siècle. Des épouses, des mères, toutes n’avaient qu’une place mineure dans la société. Elles ne vivaient que par l’intermédiaire de l’homme. Et pour les « vieilles filles », la situation n’était guère mieux. Condamnées aux remarques, aux propos de mauvais goût, à la pitié, elles subissaient entre autre l’insécurité financière. Exclues, celles-ci représentaient pourtant 20% des plus de 35 ans en 1857. L’heure était venue de faire évoluer les mentalités, de s’imposer!
Tout commence alors à la Belle Epoque, en 1900. Une exposition universelle à Paris, quelques mètres carrés accordés, et c’est le point de départ du féminisme. La « Gender Story » prend vie. Derrière leur stand, les féministes attirent l’attention. Le petit monde parisien proclame alors le nouveau siècle comme celui de la femme. Rare, mais bien présent, le féminisme radical revendique une chose, obtenue seulement un siècle plus tard : la parité. Mais ce mouvement reste encore très minime. Au début du XX ème siècle, la principale revendication du « sexe faible » est un changement dans le domaine du social. Concrétement, des droits au sein de la famille et dans la vie quotidienne.
Une comédienne va être le fer de lance et le modèle pour toutes ces femmes : Marguerite Durand. En 1897, cette chroniqueuse au Figaro, provoque des remous. Elle crée un journal féminin « La Fronde », entièrement dirigé et rédigé par des femmes. Selon elle, »c’est le même quotidien que « Le Temps » mais en jupon ». Disparu en 1905 pour des raisons financière, « La Fronde » va inspirer au développement de nombreux périodiques adressés aux femmes pendant toute la période d’avant-guerre. Lentement mais sûrement, elles progressent dans leur objectif. Pour preuve, le début du siècle voit également apparaître des associations en faveur des femmes. C’est le cas de « L’Avant Courrière », association qui revendique la libre disposition des salaires des ménagères.
Cette situation de féminisme fait parrallèlement émerger des prémices d’organisation politique. C’est ainsi qu’en 1901, le « Comité National des Femmes Françaises » voit le jour. Cette structure s’interesse de près à la place des femmes dans la société. L’idée fait son petit bout de chemin, car en 1920, l’organisme est à l’origine de 180 clubs pour les femmes. Une progression qui n’est pas sans conséquences. En 1913, les femmes cherchent des solutions en matière de divorce. A ce stade, leurs besoins sont toujours orientés dans le social : salaires, enseignement, famille, … Le droit de vote n’est pas encore un problème mis en avant. Certe, le concept de « suffragisme », originaire d’Angleterre, débarque à Paris dès 1909. Il n’en demeure pas moins qu’il n’interesse que 1500 membres en 1914. Trop peu pour avoir un impact.
Pas grand chose également du côté de la sexualité. L’avortement s’avère être encore une préoccupation marginale. En effet, les féministes, elles-mêmes protègent le principe de la procréation. La guerre ne changera en rien cette tendance. Bien au contraire. Lors du vote de la loi anti-avortement, elles sont d’ailleurs les premières à applaudir. Cela se passe en 1923. La publication d’un roman en 1920, aura, quant à lui, pour seul effet un scandale. L’auteur de « La Garçonne », Victor Marguerite a présenté la femme sous un nouvel aspect. A savoir, sexuellement libérée , coiffure courte et provocante. A l’unanimité, les féministes l’ont condamné.
Un seul point les interpelle au niveau de la sexualité : « Une seule morale pour les deux sexes ». Concrètement, la domestication de la sexualité masculine dont elles sont victimes.
L’idée avance : les conférences se multiplient, les petitions tournent, les tracts et les brochures accroissent. L’heure est à la recherche de l’égalité des sexes.
Le suffrage et les suffragettes
Un événement va matérialiser cette volonté d’égalité, mais sur le plan politique. En 1928, Madeleine Pelletier, une féministe, casse les carreaux d’un bureau de vote. C’est l’émergence d’un souhait à accéder aux urnes au même titre que les hommes. L’évolution poursuit son cours. Les épouses obtiennent la capacité juridique en 1938. Le baccalauréat mixte est instauré en 1939. Et la même année, les femmes deviennent électrices au sein des conseils des Prud’Hommes et des chambres de commerce. 1939 voit également l’adoption de l’allocation pour la mère au foyer. Il n’en demeure pas moins que leurs droits restent encore largement limités. Pour preuve, au moment de la Seconde Guerre Mondiale, l’autorité parentale est exclusivement paternelle. Une victoire vient pourtant tout bouleverser! Le droit de vote aux femmes est enfin institué en 1944. Satisfaites, les Françaises votent pour la première fois en 1945. C’est une véritable révolution citoyenne. Le processus ne cesse de progresser. La IV ème et la V ème Républiques proclament l’égalité entre hommes et femmes. A tel point que certains journaux de l’époque estiment que le féminisme n’a plus de raison d’être. Or, il existe encore des domaines où cette égalité n’existe pas.
Le sexe, véritable combat
Un sujet débarque alors avec la publication d’un livre : « Le deuxième sexe ». Simone de Beauvoir, y dénonce les grossèsses subies, les avortements clandestins, la monotonie du quotidien des mères et épouses, … Autant de questions présentes en France mais jamais évoquées. L’arrivée des années 50 consacre le combat pour la pillule et le désir de liberaliser la contraception. Mais les femmes se trouvent confrontées au refus des communistes et des catholiques. Un homme va se distinguer : François Mittérand. Candidat aux élections de 1965, il se range du côté des femmes en souhaitant l’abrogation de la loi de 1920. Un loi qui punit et interdit toute vente de contraception. Le candidat est finallement battu, mais il permet de faire entrer ce thème dans le débat politique. Deux ans plus tard, la vente de contraception est autorisée. L’impatience des femmes est comblée mais seulement en partie. Dans la foulée de la guerre d’Algérie, le Mouvement de Libération des Femmes est crée. Des problèmes subsistent encore. Les viols, les viols conjugaux et par la même occasion le sexisme, apparaissent sur le devant de la scène. Après de nombreuses controverses, la loi Veil est adoptée en 1975. Elle autorise l’avortement.
En quête de pouvoir
Les femmes, davantage libres dans leur choix de vie, entrent en politique. En 1981, la gauche nomine une ministre du droit de la femme. Fonction qui ne dure pas. Mais C’est au moins le signe d’un avancement certain. Reste alors un détail majeur à régler : la parité. Malgré la présence d’une loi qui l’instaure en 2000, l’équilibre n’est pas encore atteint dans les faits. Toutefois, les femmes ont été capables de monter dans la hierarchie politique. Actuellement, la France possède Michèle Alliot-Marie comme ministre de la Défense, Nelly Olin comme ministre de l’Ecologie. Sans oublier les nombreuses femmes présentes dans les partis politiques. L’image de la femme a bel et bien évolué : elle est indépendante et peut vivre célibataire et sans enfants. On est bien loin de ce que pensait Victor Hugo sur la femme mûre et seule : « C’est un être improductif, égoïste et froid ». L’opinion d’un historien du XIX ème siècle, Edouard Machelet, est tout aussi choquante. Selon lui, « la vieille fille est inutile à la société ».