Pour faire de l’opposition, il suffit de critiquer mais quand on a l’ambition de prendre démocratiquement le pouvoir, il vaut mieux s’organiser et avoir quelques propositions qui peuvent « séduire » les électeurs.
Pour le Front National, c’est comme la fatigue de Sisyphe : alimenter le discrédit des gens pour ses adversaires politiques avec et en même temps s’accréditer comme un parti capable de gérer les affaires.
Le Front National est un parti en pleine mutation où la vieille garde dirigeante de son fondateur Jean-Marie Le Pen est en train d’être progressivement remplacée par les nouveaux adhérents « marinistes » qui se reconnaissent plutôt dans un discours nationaliste et conservateur .
Pour enrichir la sociologie du mouvement il faut également élargir l’horizon et intéresser, en plus des activistes, d’autres catégories socio-professionnelles.
Dans le monde économie, la première cible sont les chefs d’entreprises, certes pas ceux du CAC 40 mais les « fourmis » des PME/TPME sensibles à la propagande de la bataille du petit poucet contre l’ogre de la mondialisation.
Dans ce contexte et dans cette perspective, voici le nouveau né, qui a été présenté à Nice: le collectif Audace (qui porte bien son nom), un cercle de réflexion qui se donne comme objectif de tisser un maillage au niveau local pour élaborer idées et propositions qui nourrirons l’élaboration du programme électorale de Marine Le Pen à la présidentielle.
D’après son jeune président Pierre Grandjean, en visite à Nice et à Marseille, plus de 300 adhérents ont rejoint le collectif qui a pris son essor à l’occasion des régionales de décembre 2015.
Les paroles d’ordre sont toujours les mêmes: rassembler, faire remonter les problématiques et la proximité.
Le menu est toujours le même…mais pour les frontistes 2.0 il s’agit de garder une certaine dynamique après les régionales au cours desquelles le monde de la petite entreprise avait cassé le mur de ver qui séparait traditionnellement l’extrême droite de la droite républicaine, donnant ainsi une légitimité à Marion Le Pen dans la région PACA dans la société civile.
L’essai réussira-t-il à concrétiser cette volonté de pénétration dans un milieu qui est à Nice et sa région bien présidé par la toile des divers seigneurs et barons droitiers et leurs affidés dans les institutions consulaires ou patronales ?
Le temps nous le dira. En tous cas, ce collectif pourra toujours servir d’outil de sélection de la nouvelle classe dirigeante de ce parti que Marine Le Pen et ses lieutenants sur le territoire azuréen sont en train de constituer.
On prend le pari que quelque belles carrière naîtront de ce collectif : d’ailleurs quand on parle « d’audace » ce n’est pas pour rien !