Vendredi 9 décembre dernier à midi, ma grande inspiratrice et amie, Mona di Orio est décédée. Une opération bénigne qui tourne au drame comme un fait d’hiver banal et tragique. Un coup de canon qui bousille notre cœur et notre chair.
Mona Di Orio était une créatrice en parfums talentueuse qui vivait à Nice depuis 20 ans. Son nom était synonyme de raffinement et d’excellence dans le monde entier.
Ses fragrances toutes nées dans son petite atelier du Vieux Nice embaumaient le milieu secret des parfumeries de niche de Rome à Kiev et de Londres à New-York en passant par Lisbonne ou Doha…
Du parfum, elle en avait fait une philosophie, pleine de sensualité et d’harmonie. Elle créait des histoires et de la mémoire. Sincère et entière dans ses propos, elle pensait que le parfum devait d’abord surprendre avant de toucher le cœur et l’âme.
Cette passion pour l’art du parfum, Mona l’avait développée et fait grandir auprès d’Edmond Roudniska, célèbre créateur de Femme de Rochas, Diorisimo, Eau Sauvage ou encore L’Eau d’Hermès. Avec lui pendant 15 ans, elle a appris l’amour des belles matières premières et des créations qui oublient le temps et l’espace.
C’est en 2004 que le designer hollandais Jeroen Oude Sogtoen lui donne les moyens de créer sa propre maison de parfum basée à Amsterdam. Mona taillait et façonnait ses parfums, à la manière du “cousu main” de l’artisan.Mais son âme de poète ne s’arrêtait pas à la parfumerie
Mona était une gourmande qui aimait le vin et savait en parler comme personne. Le vin lui a livré ses secrets notamment en compagnie d’Alain Ducasse alors chef du Louis XV à Monaco. Une passion qui se retrouve sur les bouchon de ses flacons, tous coiffés d’un muselet de Champagne. C’est aussi pourquoi les niçois connaissait peut être plus Mona en tant que conseillère à la cave « La part des anges » que nez à Amsterdam..
Sa personnalité éclectique d’artiste lui a offert un parcours atypique teinté d’élégance. Rencontrer Mona di Orio était un bonheur olfactif et sensuel où le temps suspendait son vol.
Aujourd’hui Mona s’est envolée mais les effluves capiteuses de ses créations nous racontent encore de belles histoires de néroli, d’héliotrope, de cade, de civette, d’oliban, d’ambre et de vétiver…
Parfum de femme en hiver…
par Valérie Arboireau