La Ville de Nice a un budget de la culture conséquent et de nombreuses institutions de niveau national (musées, conservatoire, théâtre, opéra, orchestre philharmonique, cinémathèque et, même si elle appartient à l’État, la Villa Arson). Pour autant, elle n’a jamais eu une véritable politique culturelle susceptible de réveiller une cité très souvent traitée par les observateurs de « belle endormie ».
Or, une politique culturelle dynamique est indispensable pour faire entrer une grande métropole dans la modernité (on peut citer, par exemple, le Strasbourg de Catherine Trautmann, le Marseille de Robert Vigouroux et le Lille de Martine Aubry).
Comme tête de liste, en 2001 et 2008, Patrick Mottard a défendu un programme culturel innovant s’appuyant sur quelques principes simples. La donne ayant très peu changé, c’est à peu près le même type d’orientation qu’il conseillerait au futur maire de Nice.
Une orientation et cinq principes.
1. Investir un véritable adjoint à la culture (lors du dernier mandat, la responsabilité était émiettée entre quatre ou cinq responsables). Celui-ci ne serait pas forcément quelqu’un « du sérail » ou un « spécialiste », mais un poids lourd politique qui pourrait être symboliquement 1er ou 2e adjoint. Il aurait comme première mission de veiller à la transversalité des politiques culturelles municipales (un peu dans l’esprit de « Mars aux Musées »).
2. Faire de la culture non pas un dossier marginal, une cerise sur le gâteau, mais la priorité de toute la municipalité. Une séance fondatrice du Conseil municipal réservée à la culture pourrait être programmée dans les premiers mois du mandat. Elle serait prolongée par des réunions régulières avec l’ensemble des adjoints concernés (éducation, tourisme, finances, politique de la ville, etc.) autour de leur collègue en charge de la culture pour faire le point sur les avancées du programme.
3. Réorienter, avec un grand volontarisme, la politique culturelle vers l’élargissement des publics. Arbitrer le plus souvent possible en faveur de l’émergence d’une demande culturelle plutôt que de privilégier une politique de l’offre qui profite toujours au même public. Pour cela, la Mairie peut développer une ambitieuse politique de médiation en direction des écoles primaires et maternelles dont elle a la responsabilité. Elle pourra aussi exiger que chaque subvention soit assortie d’un engagement contractuel de l’association ou de l’institution à développer une politique de diversification des publics.
4. Utiliser les atouts géographiques et historiques de Nice pour en faire une capitale, voire la capitale européenne du cinéma et de l’audiovisuel (« Nicecitta » ?), en s’appuyant sur les studios Riviera, l’ESRA, la Commission du Film, la Cinémathèque, le Mercury, l’Éclat et… la proximité de Cannes).
5. Inventer un événement phare, une locomotive événementielle sans laquelle il n’y a pas de vraie lisibilité d’une politique culturelle moderne. Pour cela, il ne faudra compter ni sur le Carnaval (trop difficile à repositionner) ni sur le Festival du Jazz (banalisé depuis son transfert des arènes de Cimiez au jardin Albert 1er). L’engouement international du public pour les séries TV laisse peut-être un espace pour un tel événement. Encore faudra-t-il surmonter l’obstacle de Monaco.
Une orientation, cinq principes, de quoi faire progresser deux exigences :
celle qui doit conduire un nombre toujours croissant de Niçois à accéder à la culture en créant du désir ; celle qui doit faire de Nice une ville reconnue en matière culturelle au point de devenir un jour, comme Lille ou Marseille, capitale européenne…