Restaurateurs sociaux ou anges gardiens, les associations SOS Amitié et SOS Suicide, sont en voie d’expansion. Pour sensibiliser le maximum de personnes, ces associations ont organisé une conférence au CUM, mercredi 1er février. Une pédopsychiatre était présente. Le but : expliquer la souffrance des personnes tristes, seules ou déprimées et inciter le public à devenir écoutant bénévole.
A 18 mois déjà, il présentait une dépression sévère profonde. Souvent laissé seul, ce bébé ne mangeait pas, et son visage affichait des traits tirés. Pris en charge par le professeur Martine Myquel, pédopsychiatre à la Fondation Lenval, il s’en sort après deux ans. Martine Myquel raconte l’histoire d’un garçon mal-aimé, dont on garde l’anonymat pour respecter le secret professionnel. A l’âge de douze ans, il revient pour être suivi.
La raison : des problèmes avec son père.
Mais la véritable rechute s’est produite récemment. Agé de 19 ans aujourd’hui, ce jeune homme a de bons résultats scolaires mais fume du cannabis, ne parle plus à sa grand-mère de peur qu’elle le découvre et présente des signes de violence. Violence contre les objets, violence sur lui-même. Il se cogne, il s’automutile. Et sa détresse ne s’arrête pas là. Il déclare ne pas réussir à nouer des relations amoureuses. Rien ne va plus. Malgré sa forte affection envers ses grand-parents, il n’est heureux que dans sa voiture. Seule et véritable « amie » pour lui. A l’intérieur, il se sent à l’aise, il parle. Et là apparaît un autre danger : il conduit vite et prend des risques. La pédopsychiatre est inquiète. « Il faut être vigilent. Etant dépressif et ayant des troubles psychologiques, il pourrait se suicider ».
Solitude, mal-être, dépression, envie de suicide… autant de sentiments auxquels les bénévoles de SOS amitié et SOS suicide font face chaque jour. Formés pour savoir écouter et parler aux personnes en détresse, ils sont attentifs et neutres. Aucun jugement, uniquement de l’attention. Les appelants doivent trouver des solutions par eux-mêmes. Le président de SOS Amitié à Nice, Bernard Laroche, tient en son estime ces bénévoles : « Depuis huit ans que je fais ce métier, je suis toujours aussi touché par ce qu’ils font. Jour et nuit, ils répondent présents. Ces hommes et femmes ont beaucoup de valeur humaine ». Un petit geste pour une grande cause : être utile pour l’autre, l’aider à le libérer de son poids.
Poids parfois familial, parfois social, parfois professionnel. Le président de SOS Suicide Phénix à Nice, Mario Galena l’a constaté. En 2005, 14% des appels concernaient la déprime. 10%, les difficultés relationnelles et 9%, la solitude. Et malheureusement, depuis deux ans, ils ne cessent d’augmenter ». Dans une société individualiste, les rites sociaux prennent une place moins importante. Cela conduit à une mise à l’écart. C’est en tout cas ce qu’explique ce président. « Le titre de la conférence : Seul au milieu des autres, illustre bien cet état de fait ». Un souvenir le marque encore : « Beaucoup d’infirmières nous appellent. Elles ont peur de dire autour d’elles qu’elles ne vont pas bien. Avec ce qu’elles voient chaque jour, ce n’est pas facile à vivre. Elles ont besoin de se confier, de se vider. Cela est émouvant ».
Pour couronner le tout, il met en lumière un autre point. Selon lui, « nous sommes dans une société de consommation ». Remarque cohérente : « Si l’on ne peut pas acheter tel ou tel produit, cela signifierai-t-il que nous ne le valons pas? » C’est un vrai problème car beaucoup se sentent exclus. L’année dernière, 26121 appels ont été enregistrés. « C’est considérable. Il faut agir davantage ».
Bientôt à Nice, il sera possible d’envoyer des messages sur Internet et de recevoir des réponses. Mais des bénévoles sont encore nécessaires. Quelques heures par mois suffisent pour contribuer à une bonne action. Après tout, tendre l’oreille n’est pas une tâche impossible à accomplir.
Pour devenir écoutants bénévoles appelez :
°SOS Amitié Nice Côte d’Azur : 04.93.26.26.26.
°SOS Suicide Phénix : 04.93.01.22.78.