A l’époque Romaine, Vallauris est une étape sur la route de Fréjus et de l’Espagne, une borne milliaire datant de Tibère en atteste. L’habitat se concentre alors sur la colline et il faut attendre l’an 400 pour que les populations descendent et occupent l’espace actuel du village. Le bourg est d’abord rattaché à l’évêché d’Antibes en 987, un demi-siècle plus tard la commune dépend de l’abbaye de Lérins. Au début du XIII° siècle un prieuré avec sa chapelle est édifié.
En 1480, Vallauris est désertée suite à l’épidémie de peste qui a dévasté et ruiné la région. Il faut attendre une vingtaine d’années pour que, sur l’initiative du seigneur Raynier de Lascaris des populations originaires de Ligurie repeuplent ce village. Le seigneur titulaire du fief et prieur de la chapelle des lieux, est l’abbé de Lérins. On possède une précieuse indication sur la vie économique en 1501, en effet le prieur se réserve les droits et taxes (gabelles) sur la vente des poteries.
Ce qui signifie une industrie déjà importante au XVI° siècle. En 1568, en pleine renaissance, le prieuré et la chapelle sont rasés pour faire place au château, celui-là même que l’on peut voir de nos jours. En 1815 Napoléon 1° débarque à Golfe Juan, alors simple anse ensablée au bord de la mer. Vallauris dédaigne ce rivage, il faut l’arrivée du train en 1862 pour donner à la côte un intérêt et amener à la construction d’un port en 1896. La poterie est alors en plein essor, elle est uniquement utilitaire.
En 1889 on a bien présenté des céramiques à l’exposition universelle de Paris, mais le potier travaille surtout pour fournir les ustensiles de la vie domestique. Il en est ainsi depuis l’antiquité. Vallauris avec ses gisements d’argile, fabriques des pots et des briques. En 1829 il y a une trentaine d’ateliers. Dans l’entre- deux guerres les nouveaux matériaux : aluminium et inox rendent désuète la poterie.
C’est alors que l’invention de Clément Massier de 1889 devient la bouée de salut de Vallauris. On ne parlera plus de pots, de briques ou de vases, mais de céramiques. Picasso après la seconde guerre mondiale sera le moteur de ce changement, de cette mutation où l’utilitaire est devenu art.
D’autres artistes comme Chagall ou Jean Marais vont eux aussi s’essayer au tour, car objet utilitaire ou œuvre d’art, la poterie devenue céramique passe toujours par le tour et le four, l’argile de Vallauris étant la matière indispensable à la réalisation de ces objets qui donnent à la cité des potiers sa réputation internationale.
Thierry Jan