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22 novembre 2024

Admirable soirée « Wagner » à l’Opéra de Nice : besser kann man nicht !

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orch.nice2.jpg Voilà ce qu’il convient d’appeler une rentrée triomphale ! L’orchestre philharmonique de Nice ouvrait ce samedi 5 janvier, l’année 2008 par des airs et des extraits symphoniques d’Opéra uniquement consacrés au compositeur allemand Richard Wagner. Avec ce mélange savamment dosé de pièces musicales et d’interprétations lyriques, la Philharmonie de Nice a su donner le meilleur d’elle-même : de la maîtrise technique et d’intenses émotions. Il est vrai qu’elle était « tenue », on ne voit pas d’autre mot possible pour le qualifier, par l’extraordinaire chef allemand Christof Perick. Né d’un père déjà Konzertmeister de la Philharmonie de Hamburg, Christof Perick est, tout comme Wagner, passé par la ville de Dresde dont on sait qu’elle constitua un tournant dans la reconnaissance et le succès de ses premières œuvres.

christof_greyscale-2.jpgChristof Perick dirige également outre-Rhin et dans le monde entier les plus grandes œuvres du répertoire allemand. Il fallait hier soir voir ce personnage modeste, tout sourire et pourtant aussi affairé qu’un cambiste au cœur du New York Stock Exchange: si sa main droite battait fiévreusement la mesure avec sa baguette, la gauche, en apparence totalement indépendante, multipliait à chaque seconde, signes complices, incitations et suggestions en direction précise d’un instrumentiste ou d’une partie d’un orchestre manifestement sous le charme et au diapason du maestro. Ici, son index appelait le jeu des cuivres, là, sa paume renversée voulait apaiser les cordes, là encore, il signifiait une montée en puissance suivie dans la foulée d’un autre geste lançant le morceau d’un soliste. Autant d’incessantes et d’inouïes transactions codées entre ce chef et « ses » musiciens ne pouvaient qu’aboutir à la complète réussite de l’entreprise : une exécution ciselée des ouvertures de Tannhaüser, de Rienzi ou du prélude de l’acte I de Parsifal, mêlant à la fois une manifestation de puissance, toujours difficile à minorer chez Wagner, mais également l’expression d’une touchante subtilité, nettement plus rare dans les interprétations symphoniques. Et à même de rappeler, pour ceux et celles qui en doutent encore, de l’extrême finesse musicale du répertoire wagnérien.

Le public reprenait à peine son souffle, les mains déjà rougies par les applaudissement répétés, que le jeune Ténor au profil de héros wagnérien, une force de la nature aux cheveux forcément blonds, faisait son entrée. De bonne source, on affirme que ce choix a reposé sur la volonté expresse du directeur de l’Opéra Paul-Emile Fourny. On ne saurait l’en blâmer. Dans une version concert dénuée de mise en scène, et a fortiori dans un récital qui segmente la trame historique, il est toujours à craindre que l’interprète n’éprouve des difficultés à intégrer l’esprit de l’œuvre wagnérienne. Celle-ci s’inscrit en effet le plus souvent dans un récit au long cours pour les œuvres quasi liturgiques comme Parsifal ou Tannhaüser ou enchaînent successions d’événements tragiques qui en bouleversent le fil mélodique.

kerl3.jpgC’était sans compter sur le talent de Torsten Kerl. Au-delà de ses nombreux engagements internationaux sur les plus grandes scènes internationales, ce ténor et ancien soliste pour hautbois a également montré au public niçois ses immenses qualités artistiques : une incroyable capacité de concentration l’immergeait instantanément dans la situation, aux tonalités toujours dramatiques et sacrés dans l’esprit du compositeur de Leipzig. Eperdu d’un amour pour sa sœur Sieglinde dans la Walküre, Torsten Kerl nous restitue avec aisance un inoubliable « Winterstürme wichen dem Wonnemond », le chant romantique de Siegmund avant d’interpréter avec force conviction, le héros batailleur prêt à se servir de son épée « Notung » dans le célèbre air « Siegmund heiss ich und Siegmund bin ich ». La prière rédemptrice de Rienzi ou la gloire éternelle de Parsifal donne également l’occasion au ténor de moduler son registre vocal en rendant plus profond, plus tellurique encore, l’appel désespéré de l’homme au divin.

Il n’en fallait pas davantage pour conquérir le public de l’Opéra de Nice. Après plusieurs rappels, sans jamais faiblir dans la cadence et l’intensité des applaudissements, celui-ci a convaincu Christof Perick et Torsten Kerl d’accorder un bis. Ce dernier à peine terminé, la salle repart de plus belle suivie cette fois-ci des musiciens qui frappent les pupitres de leurs archets et battent le sol du pied pour dire leur joie d’avoir pris part à un moment musical d’exception. Si ce dernier devient la règle pour 2008, l’Opéra de Nice n’aura certainement pas démérité.

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