Un film émouvant qui mêle la petite histoire à la grande et qui « décrit avec justesse les états d’âme de jeunes gens qui aspirent à construire un monde nouveau dans une région du monde soumise à des tensions extrêmes. » Film sur l’amour d’un homme pour une femme, et d’un homme pour un pays, film sur le don de soi qui aurait pu ne pas voir le jour en 1991. Mais quand Sophie Marceau a accepté de venir tourner en Israël malgré l’imminence de la « Guerre du Golfe », le film d’Alexandre Arcady était en route. Personne n’a déserté.
Le DVD « Pour Sacha » est un film, ou plutôt un « album souvenir » dont il trouvera certainement sa place dans chacune des familles.
Nice-Première est parti sur les pas de Sacha. Sur son chemin, elle y a rencontré le réalisateur et scénariste de l’histoire : Alexandre Arcady, un magicien du réel.
Nice- Première : Après 15 ans la sortie en salle de « Pour Sacha », vous publiez ce film en DVD, Pourquoi ?
Alexandre Arcady : 15 ans parce qu’au moment de la sortie de ce film, il n’y avait pas de DVD donc on l’avait sorti en VHS (Sourire).
N-P : Mais pourquoi cette année, et pas l’année dernière ?
A.A. : Il faut le temps au temps. Je n’ai pas eu le temps de m’occuper de ce DVD avant cette année. Je voulais faire un DVD qui ait de l’allure, un DVD complet avec des makings of, des interviews, un zapping télé …. Et puis au fond, ce n’est pas mal de laisser ce laps de temps parce qu’aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est une renaissance, une redécouverte avec ce DVD.
N-P : Justement, quel a été le point de départ de ce film ?
A.A. : De cette volonté de raconter une période que j’ai vécu quand j’avais 18 ans : partir vivre en Israël dans un kibboutz. J’ai été surpris par la « Guerre des Six Jours ». J’en ai gardé évidemment des traces et c’est ce moment magique où on est en ébullition, où on a un instant de vie en soi. On n’a absolument pas envie de l’éteindre. C’est un moment extraordinaire. C’est un film sur l’amour et la jeunesse.
N-P : Autobiographique ?
A.A. : Forcément, puisqu’il est inspiré d’éléments que j’ai connu parce qu’on n’invente pas des êtres qui vivaient quelque part en Israël au moment de la « Guerre des Six Jours ». C’est vraiment quelque chose qui vous tombe dessus. On est là pour participer à une expérience qui est une belle expérience … utopique, puis on se retrouve confronté avec l’histoire avec un grand H.
N-P : Comment a été l’atmosphère pendant le tournage ?
A.A. : Un peu étrange, dans le sens où l’on était en 1990, on tournait ce film qui racontait l’histoire des prémices d’une guerre, celle de 1967 et on vivait au quotidien les agressions d’un autre conflit qui allait se produire quelques semaines plus tard : c’était la première « Guerre du Golfe ».
N-P : Pas facile ?
A.A. : En effet, pas facile, parce qu’il fallait faire abstraction de ces angoisses qui étaient vraiment des angoisses légitimes. Parce que quand on vous distribue des masques à gaz …. et qu’on vous dit quand cas d’attaque, il faut faire ça, c’est un peu compliqué.
N-P : Si vous ne deviez garder qu’une image de cette aventure ?
A.A. : Celle de Sophie Marceau, avec son arme à l’épaule … courant entre les obus, la nuit, pour rejoindre le quartier général. On sent que sur ce visage, il y a quelque chose qui se prépare, il y a la tragédie, l’histoire qui commence à se marquer sur ce visage. Je trouve ce moment extraordinaire (sourire).
N-P : Sur Internet, j’ai trouvé plusieurs commentaires à votre sujet dont un qui a attiré mon attention : « Alexandre Arcady me donne du bonheur : celui de retrouver mes racines, notre solidarité et l’antiracisme que nous avons toujours connu au pays, j’aime aussi sa façon de raconter les pieds noirs, les juifs et les arabes, qui est bien celle d’un enfant de « là-bas ». Merci ».
A.A. : C’est un bel hommage. Il y a une anecdote que je voudrais vous raconter par rapport au film. Il y a environ 4 ans, une jeune femme m’a interpelé dans la rue en me disant : « Est-ce que je peux vous embrasser ? », comme elle était jolie, je n’ai évidemment pas refusé (Sourire). Elle m’a dit que lorsqu’elle avait 18 ans en 1991, elle était en pleine dépression, elle n’avait pas de but dans la vie, elle était suivie médicalement, ça n’allait vraiment pas. Pendant plusieurs semaines, elle n’était pas sortie de chez elle. Puis en Avril 1991, c’était les premiers beaux jours à Paris, il faisait un soleil radieux, elle a décidé de prendre l’air et de descendre les Champs-Elysées. Là, elle a vu l’affiche de « Pour Sacha », elle ne connaissait absolument rien du film puisqu’elle n’avait pas écouté la radio et la télé. Et comme elle aimait bien Sophie Marceau, elle est allée voir le film. Le lendemain, elle est allée dans une agence et elle est partie en Israël, vivre dans un kibboutz où elle a rencontré l’homme de sa vie, c’est son mari aujourd’hui. Elle a trois enfants et elle est la femme la plus heureuse du monde. Et à cette femme-là, je lui ai dit : « Ecoutez, si j’ai fait ce film que pour vous, j’en suis très heureux ».
N-P : Vous lui avez donné la clé du bonheur.
A.A. : Voilà, exactement.
N-P : Un autre commentaire que j’ai trouvé sur le net, ou plutôt un souhait : « J’aimerais que tu fasse une suite au « Coup de Sirocco ».
A.A. : (Sourire) Il n’y aura pas une suite au « Coup de Sirocco ». Vraisemblablement, je vais faire un film qui précède « Le Coup de Sirocco ». J’ai écrit un livre qui raconte ma toute petite enfance : « Le petit blond de Kasbah ». J’ai envie de raconter la guerre d’Algérie vue à travers le regard d’un enfant. Comment les enfants sont les témoins involontaires des conflits organisés par les grands ? Comment les enfants vont être confrontés aux horreurs d’une guerre ? Ca c’est quelque chose que j’ai très envie de faire.
N-P : Un film qui comprendra la troupe d’acteurs que vous avez tendance à mettre en scène ?
A.A. : Non, pas forcément. Si je fais ce film tiré de mon bouquin, je n’aurais pas besoin de vedettes, j’aurais besoin d’amis.
N-P : Je vais vous dire quelques noms d’acteurs qui ont joué dans vos films, et vous allez me dire le premier mot qui vous passe par l’esprit quand j’évoque leur nom.
A.A. :
- Roger Hanin : Le Grand Pardon
- Sophie Marceau : La Boom, non je ne vais pas citer que des films (Rires) ….La beauté
- Richard Berry : Un violon, car c’est un instrument exceptionnel pour un metteur en scène.
- Marthe Villalonga : Ma mère
- Patrick Bruel : Mon frère
- Gérard Darmon : Mon oncle
(Rires)
N-P : Et pour terminer, des projets ?
A.A. : Celui que je viens d’évoquer plus haut et aussi deux comédies une avec Jean Loup Dabadie « Forcing » et une autre qui s’intitulera « Tu peux garder un secret », mais chuuut c’est un secret (Sourire)
Site de sa boîte de production : https://www.alexandrefilms.c.la
Où se procurer le DVD ? Fnac