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22 novembre 2024

Alice Dona, une mamie qui a eu quinze ans

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Dans cet univers « Absolument femme », plusieurs personnalités féminines étaient venues présenter leurs derniers livres. A cette occasion, nous sommes allés à la rencontre d’une jeune romancière, surtout connue pour ses talents d’auteur-compositeur-interprète, Alice Dona.


ad-2.jpg Nice-Première : Vous venez de publier votre premier roman « Mamie a eu quinze ans », qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ?

Alice Dona : En discutant avec ma petite fille qui a eu quinze ans et qui en a plus un peu plus maintenant, j’ai eu la sensation qu’elle avait l’impression que je n’avais jamais eu quinze ans. Quand je lui posais des questions du style : « Comment ça se passe à l’école ? Comment ça va les petits copains ? etc … », je me suis aperçue un jour qu’il y avait un blocage. Elle me racontait : « Non, je ne suis plus avec machin ». Et d’un seul coup, elle me sort la phrase qui tue : « Ouai de toute façon tu pourrais pas comprendre ». Je lui ai donc dit : « Non, je ne pourrais pas comprendre, je n’ai jamais eu quinze ans ». C’est parti de là l’idée du bouquin. J’avais l’impression qu’elle me voyait déjà à l’âge que j’ai maintenant et que je n’avais jamais eu son âge à elle. Je suis née. J’ai 60 ans. Il ne sait rien passer avant. Je n’ai jamais fait l’amour pour la première fois, je n’ai jamais eu de petits copains, je n’ai jamais fumé en cachette de mes parents… Non, je suis née j’avais déjà tout bien mis en ordre. Je me suis donc dit que c’était un joli départ de roman et je lui ai dit alors : « Tu sais, mamie a eu quinze ans aussi ». Et j’ai trouvé que c’était un bon titre et qu’à partir de là, on pouvait raconter une jolie histoire.

N-P : Comment étiez vous à quinze ans ?

A.D. : Je n’étais pas tout à fait comme maintenant (Rires). Dans la tête, on a souvent l’impression qu’on n’a pas vraiment changé. Mais si quand même ! J’ai eu la chance, je pense, de vivre mes quinze ans à une période qui était assez légère au niveau de ce qui ne se passe pas à l’extérieur, pas de guerre, pas de machin … Les sixties c’était vraiment la légèreté totale. Il n’y avait pas de sida, pas de préservatifs. Rien. Tout semblait assez léger. J’ai vécu une adolescence tranquille avec des évènements qui nous paraissaient mineurs et même pour mes parents. On avait un environnement politique qui était relativement calme, il n’y avait pas toutes les guéguerres qui existent aujourd’hui que les gens se font, il n’y avait pas le côté médiatisé du moindre truc qui se passe chez les artistes. On n’avait pas les mêmes préoccupations du tout, on n’était pas sensibilisé de la même façon puisqu’il y avait moins de média, une seule chaîne de télévision, deux radios. Il y avait une seule émission pour les jeunes qui s’appelait « Salut les Copains » à 5 heures sur Europe 1 et c’était tout, le reste c’était pour les parents et les grands parents. C’était complètement différent. Aujourd’hui, chacun a sa radio, chacun est dans sa petite boîte, chacun est mis dans son compartiment, moi je suis dans le mien aussi. Avant, les gens étaient beaucoup plus intégrés à l’avis des parents et des grands-parents. Maintenant on est dans une époque de « communication à fond », on n’arrête pas de créer de nouveaux moyens de communication (Internet, SMS, portable, ordinateur, MP3 …) Tout paraît accessible et c’est bizarrement une époque où l’on a aussi peu communiqué entre inter génération. Chacun est mis dans une cage, c’est bien dommage. Toutes ces nouvelles technologies nous enterrent chacun dans notre petit truc. J’ai l’impression qu’il y a pleins de petites sectes et je trouve ça frustrant. Ni ma mère ni ma grand-mère, je crois, ne se sont jamais les questions qu’on se pose actuellement par rapport à la jeunesse …Il n’y avait pas de problème, on ne se prenait pas la tête. Maintenant, on se prend beaucoup trop la tête pour des tas de petites choses.

N-P : Aimeriez-vous avoir 15 ans aujourd’hui ?

A.D. : Je trouve qu’il est beaucoup plus difficile d’avoir 15 ou 20 ans dans l’époque où l’on vit. Je n’aimerais pas avoir 15 ou 20 ans maintenant. Aux jeunes d’aujourd’hui, on leur oblige à porter des poids trop tôt, je trouve. Il faudrait laissé les adolescents vivre leur adolescence tranquille et pas leur faire prendre conscience tout de suite à 15 ans qu’ils vont avoir du mal à trouver du boulot etc… Pourquoi penser à ça maintenant, ça viendra bien un jour ! Comment on a fait, nous ? Comment nos grands parents on fait ? C’est arrivé à tout le monde. Les grands parents, ils commençaient à bosser à 12 ans, à 13 ans, ils étaient à l’usine et ils ne se prenaient pas la tête pour autant. C’était pas grave, ça arrive les problèmes.

N-P : Quels conseils donneriez-vous à nos jeunes internautes ?

A.D. : Il faut que vous profitiez. Prendre ce qui est avec légèreté et pas se prendre la tête que ce soit le CPE ou autre chose. Je me dis : Est-ce bien nécessaire de se prendre la tête maintenant ? Est-ce que ça changera quelque chose avec ça ? Je ne suis pas sûre. Puis de toute façon, ce seront les politiques qui décideront. C’est eux qui récupèrent nos problèmes. A ma petite fille, quand je la vois, je lui dis :  » Vis ! Vas-y ! Profite que tu es chez ta mère, que tu es pris en charge, que tu es portée par maman et ne te demande pas ce que tu vas faire dans quelques années ? Tu verras bien à ce moment-là. Puis tu auras des enfants un jour, là, les vrais problèmes vont commencer. Là tu commenceras à avoir une vraie responsabilité. La vie de quelqu’un, avoir une vie dans ses mains, ça c’est important. A partir de là, on prend conscience que le parcours ne va pas être si facile que ça, on fait avec. Tu gèreras, on arrive toujours à gérer ! »

ad4-2.jpgN-P : Est-ce que la publication de ce livre à améliorer la communication entre vous et votre petite fille ?

A.D. : Elle a déjà fait lire à des tas de copines à elle. Pour écrire ce bouquin, j’ai fait une enquête comme un journaliste. J’ai fait une enquête au près de 20 mômes de 15 ans, garçons et filles. Je leur ai donné un questionnaire chacun, d’une dizaine de pages. Il était assez complet sur leur loisir, les chanteurs qu’ils aimaient, leur façon de s’habiller, leur rapport avec leur parent, leur grand parent etc … J’ai fait une sorte de compile de tout ça. Puis, ils l’ont lu et ils m’ont dit que c’était légèrement caricatural d’une gamine de quinze ans. Ce bouquin est écrit à deux voix : il y a la petite fille qui parle comme elle parle au téléphone avec sa copine en utilisant le verlan. Je pense que, oui ce livre a amélioré la communication entre ma petite fille et moi. En tout cas j’ai vendu beaucoup. Pas forcément à Cannes puisque ce n’est pas vraiment un salon du livre. On a dépassé nos 25 000 livres ce qui est une belle vente pour un premier roman. Quand je vais dans un salon du livre, je croise des mamies ou des mamans qui l’achètent pour leur petite fille dès fois c’est le contraire c’est la petite fille qui l’achète pour leur grand-mère. Ça donne manifestement une envie de communiquer. C’est en effet peut être plus facile de faire passer un message avec un bouquin, une chanson ou un film. C’est le pouvoir de l’écriture ou de la création. Je pense que si une grand-mère ou une maman fait la démarche de donner mon bouquin à sa petite fille et si elle a le courage de le lire parce que ça a un côté rébarbatif de lire un bouquin, ils se sentiront un peu concernés par l’histoire, je pense, et le dialogue devrait pouvoir se nouer.

N-P : Quel rôle pensez-vous qu’une grand-mère ou un grand-père tient dans une famille ?

A.D. : C’est très important les grands-parents. C’est un élément médiateur qui peut être assez important dans une famille. Quand ça ne colle pas très très bien avec les parents ou qu’il existe une espèce de blocage avec les parents, les grands parents peuvent être un bon relais car ils ont le recul nécessaire et la prise direct avec le quotidien. Les grands parents, ça peut être un joli relais.

N-P : Que pensez-vous de la télévision actuelle ?

A.D. : Elle n’est pas pire que la télévision d’avant. Je trouve que là aussi on en fait beaucoup. On a enlevé une part de rêve à notre quotidien avec ces émissions où l’on veut absolument nous faire voir l’envers du décor. Cette nuit, j’ai aperçu une émission, le nouveau truc qui se passe dans la jungle : « Sortez-moi de là, je suis une célébrité » Ce genre de chose pour moi, j’en pense rien, je ne regarde pas. C’est tout. Le reste, je m’y intéresse un peu plus car je suis concerné par la musique. Je regarde bien entendu la Star Academy, car ma fille est prof à la Star Academy. Je regarde la Nouvelle Star car je suis sensible à la chanson c’est mon truc. J’aime bien voir les gens chanter. Mais la télévision actuelle n’a rien de pire qu’avant. C’est pas grave. Il y aura d’autres choses, ça passera. La seule chose qui est dommage, c’est qu’on enlève une part de rêve mais le rêve reviendra.

N-P : Aujourd’hui, vous êtes présente à ce salon destiné à la femme, que pensez-vous de la place de la femme dans la société aujourd’hui ?

A.D. : Il y a toujours hélas des inégalités : travail égal, salaire égal, ce n’est toujours pas résolu ce problème et c’est injuste. Sinon, le côté égalité des sexes, je ne suis pas forcément pour, moi j’aime bien la place de la femme mais il faut dire que je suis issue d’une famille italienne, sans aller à dire : la femme à la maison, le mec au boulot et puis au café le soir pendant qu’elle ferait la popote, ça non ! Je pense qu’elle a une jolie place maintenant. Elle a envie de bouger, de se bouger, de faire des choses si elle arrive à les faire c’est bien. Mais c’est vrai que si un homme et une femme a le même boulot et qu’ils ne gagnent pas la même chose sous prétexte qu’ils ne soient pas du même sexe, on a encore des problèmes à régler de ce côté-là. Il y a une chose que je trouve un petit peu dommage aussi chez les adolescents : les gamins ont peur maintenant de monter au créneau pour draguer une nana. Je trouve ça un peu hard ! ça veut dire que c’est la femme qui décide, bon de toute façon elle a toujours décidé au bout du compte mais c’était peut être plus sournois à une autre époque. Aujourd’hui les garçons, et c’est sûrement la faute de la génération antérieure, ont peur des femmes. Ils font rarement le premier pas ou alors, c’est d’une façon tellement maladroite et machiste. On est obligé de nous harceler et eux se sentent obligé de gueuler dans la rue ou de dire une grossièreté pour se faire remarquer. Peut être qu’ils ont peur ? Je me demande ce qui c’est passé, je n’ai pas encore trouvé la réponse.

ad2-2.jpg N-P : Si je vous dis « Premier ou Première », à quoi ou à qui pensez-vous ?

A.D. : Au premier de la classe, à la compétition, au numéro 1. Je n’ai jamais été candidate pour être première à quelque chose. L’important, c’est de rester dans le classement d’une façon ou d’une autre.

N-P : Vous connaissez la Côte d’Azur. Quel est l’endroit que vous préférez ?

A.D. : Je préfère pleins d’endroits pour des raisons multiples mais c’est toujours des attaches affectives. J’ai une maison dans le Var, alors je vous dirais que je préfère le Var mais ce n’est pas forcément vrai. Car objectivement au niveau du pur décor, je suis folle amoureuse de St Jean Cap Ferrat. Ce coin est magnifique et magique. Ça c’est pour le côté beauté du paysage. Pour l’humeur, ce n’est plus la Côte d’Azur. Je serais plutôt marseillaise car je trouve qu’il y a une ambiance qu’on ne trouve pas ailleurs. Mais j’aime en générale la Méditerranée. Les Issandres dans le Var car je suis souvent allée là bas, j’y ai grandi pendant les vacances, j’y suis très attachée car il y a ma maison de famille mais c’est un peu un enracinement obligatoire, je n’ai pas choisi. J’aime bien avoir des repères, des vieux truc mais ça peut être de partout en France, du moment où j’ai des amis qui y résident, automatiquement j’aime l’endroit. Dans ce livre, j’ai trahi un peu car l’histoire se passe en Vendée, c’est autre chose, c’est plus rustique, c’est un endroit qui n’est pas showbiz. C’est mon St-Tropez ! A part que ça n’a rien à voir ! St Tropez, je ne peux pas, je n’aime pas. Mon fils habite à Nice, je suis aussi obligée d’aimer les Alpes-Maritimes puisque qu’il m’y a fait mon petit fils. C’est toujours affectif et j’avoue que cette région n’est du tout désagréable.

Site Internet : https://www.alicedona.com/

Propos recueillis par Audrey Bollaro avec la complicité de Christelle Granata

Auteur/autrice

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