C’est une course contre la montre qu’on pressent perdu d’avance. A tort ? A raison ? « A plein temps » se vit comme le plus haletant des survivals. Un survival du quotidien dans les pas, la tête et le corps épuisé de Julie, mère célibataire de deux enfants vivant à la campagne, femme de ménage dans un palace parisien décrochant enfin un entretien pour un poste plus proche de ses aspirations.
Tout pourrait donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes pour celle qu’on perçoit ne pas avoir été épargnée par la vie. Sauf qu’une grève des transports éclate.
Et que l’emploi du temps au millimètre qu’elle s’était fabriquée entre la garde des enfants, son boulot et son entretien vole en éclat, la poussant à jongler avec les retards et les mensonges et pousser le bouchon de plus en plus loin au fur et à mesure des entretiens réussis. Julie évolue sur une fine crête entre tout perdre et tout gagner.
Et à aucun moment, le film ne desserre l’étau d’une tension jamais factice sauf le temps d’un anniversaire d’enfant qui vite va recréer une autre angoisse. Par le thriller, Gravel raconte cette France qui craque de partout en évitant la facilité réac du discours anti- grève.
Comme chez Loach, les plus pauvres n’ont d’autres choix que d’impacter d’aussi pauvres qu’eux pour sauver leur peau.
Multi-primé à la Mostra 2021, ce sommet de film social offre aussi à une Laure Calamy, géniale de bout en bout, un rôle loin de ses emplois post Dix pour cent.