Le film Churchill, de Jonathan Teplitzky, vient de sortir sur les écrans.
En tête d’affiche, l’acteur Brian Cox, qui campe le vieux bouledogue, est littéralement éblouissant ; il a la tête de l’emploi, il grogne, tempête, pontifie, aboie et rugit exactement comme l’original, et rien n’a été oublié pour parfaire l’illusion : posture légèrement voûtée, nœud papillon bleu, « siren suit » et cigare démesuré.
Son entourage a également été soigné : l’épouse Clementine (Miranda Richardson) est remarquable de classe, d’aisance et de sincérité, et ses dialogues – souvent savoureux – avec son époux sont parmi les plus émouvants du film.
Il ne faudra donc pas s’étonner si l’un, l’autre ou les deux sont à l’avenir récompensés d’un oscar. Le fidèle conseiller Jan Smuts est également plus vrai que nature, jusqu’à reproduire parfaitement l’accent guttural de l’illustre maréchal et homme d’État sud-africain.
Bien sûr, il y a aussi quelques échecs : l’acteur qui campe Eisenhower ne manque pas de talent, mais il n’a aucune ressemblance au commandant suprême, allié de 1944 ; de même, les spectateurs auront aussi bien du mal à reconnaître le roi George VI et le maréchal Montgomery, tous deux plutôt fluets et de taille modeste dans la réalité.
Le scénario repose au départ sur une base historique solide : durant les mois précédant le 6 juin 1944, Winston Churchill est intervenu à maintes reprises pour tenter de modifier l’objectif, la stratégie, la tactique et la logistique du plus grand débarquement de l’histoire du monde.
Toutefois, la faiblesse du scénario est d’avoir voulu compresser en deux jours de juin 1944 des événements qui se sont déroulés entre deux ans et deux mois plus tôt.
Or, ce qui peut aisément se comprendre à distance du D-Day devient risible à la veille de son déclenchement : Churchill était certes un stratège erratique, mais pas au point de vouloir bouleverser entièrement les objectifs et la stratégie alliés au moment où la force d’invasion avait déjà embarqué.
Au final, la trame de Churchill semble être quelque peu inspirée de celle du Discours d’un roi, et elle se termine de la même façon – par un discours. Mais celui du roi était authentique, tandis que celui de Churchill est purement imaginaire.