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21 novembre 2024

Box-office : Dans ses yeux de Juan José Campanella

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Quel genre de film est donc, ‘Dans ses yeux’?

Il est finalement trés difficile de définir la ‘nature’ de cette oeuvre du metteur en scéne argentin Juan José Campanella, vainqueur fort mérité, cette année, de l’Oscar pour le meilleur film étranger.
Et si c’était tout simplement et tout naturellement un film d’amour? De ce genre d’amour caché et refoulé au plus profond de son âme toute une vie durant par cet homme, incapable qu’il est de se l’avouer à lui-même ?

La réponse est peut-être dans ce billet écrit 25 ans plutôt par le héros du film, le juriste-enquêteur Benjamin Esposito, incarné par l’acteur Ricardo Darìn, qui le retrouve quand, l’âge de la retraite venu, il s’installe à son bureau pour écrire un livre. Un recueil de mémoires.
En suivant le fil conducteur de ses souvenirs, sa mémoire lui fait retrouver les personnes qui avaient été les protagonistes de ces moments de vie.

Parmi elles, une femme, une collègue de ces temps anciens – interprétée par la sensuelle Soledad Villamil – dont on comprend qu’elle l’aimait certainement à l’époque et peut-être aujourd’hui encore.
Et la vérité est peut-être dans ce billet anodin sur lequel il avait écrit alors le mot ‘temo’ (je crains en espagnol) mais qui aurait pu devenir un billet d’amour à une lettre prêt, à un ‘a’ prêt pour devenir ‘te amo’ ( je t’aime, ndlr).

Que voulait alors dire ce ‘temo’? La peur de ce Buenos Aires des années sombres, on était alors en 1974, quand Juan Pèron laissait la place et le pouvoir aux militaires et que les jeunes enquêteurs comme Benjamin Esposito n’étaient pas bien les bienvenus par ceux qui voulaient une justice ‘politisée’ ?

Ou était-ce la peur d’être tombé dans une enquête qui l’avait mis en danger au point de coûter la vie à son collègue et ami Pablo Sandaval (quelle magnifique interprétation de Guillermo Francella à la hauteur de sa renommée d’artiste comique) et qui l’obligea pour une question de vie ou de mort à demander sa mutation dans une lointaine ville andine?
Ou était-ce plutôt l’incapacité de s’avouer à lui-même d’abord et à sa collégue ensuite, qui était aussi sa supérieure hiérarchique, d’une autre classe sociale de surcroît, ses sentiments pour elle (…une chose trop compliquée pour lui) ?

Ce n’est qu’à la fin de l’écriture du roman et de ses mémoires que le protagoniste laisse son passé derrière lui pour revenir au présent, trouver le courage d’ouvrir enfin les yeux et voir ‘dans ses yeux’ à elle cet amour qui, peut-être, l’avait attendu toute une vie.
On peut d’ailleurs regretter le titre français du film qui ne rend que partiellement la magie de celui, original en langue espagnole :’ El secreto de sus ojos’ ( le secret de son regard ).
Parce que ce ‘secret’, c’est cet amour que Benjamin retrouvera dans les yeux de celle qui lui inspira un sentiment si fort, si vivace par le passé et qu’il n’avait voulu ou pas su voir alors.

Voilà par quoi nous définissons un film ‘long et lent’: parce qu’un film comme celui de José Juan Campanella, dont on ne peut oublier la virtuosité du scénario et des dialogues, ne peut qu’être un film argentin, ces gens drapés dans ce que l’on croit être de la tragédie mais qui ne se révèle être en réalité qu’une belle et noble fierté. Mais d’une fierté quasi paralysante qui leur empêche d’aller au bout de leurs envies et souvent de manquer des rendez-vous importants de la vie comme celui de cet amour patient qui les attendra fort heureusement toute une vie.
‘Triste, solitario y final’ ( triste, solitaire jusqu’au bout ) dit une belle expression de l’écrivain argentin Soriano. Mais aussi ‘hombre vertical’ ( homme debout ) comme le protagoniste du film, le personnage Benjamin Esposito, qui est seul face à sa faiblesse d’antan mais qui saura trouver la force de revenir chercher l’amour.

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