Le premier long-métrage de la réalisatrice Blerta Basholli est inspiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée en 1999 dans le petit village de Krushë e Madhe au Kosovo, après la guerre avec la Serbie-Monténégro.
Fahrije tente de s’occuper des ruches que son mari, porté disparu, avait installé devant chez eux. Elle n’a pas sa dextérité et chacun de ses essais se conclut par une piqûre. Pour subvenir aux besoins de sa famille, en l’occurrence ses deux adolescents et son beau-père malade, elle décide de créer une petite entreprise agricole. L’objet de sa production : de l’ajvar fait maison, un condiment préparé avec des poivrons rouges, des aubergines grillées et de l’ail, surnommé le « caviar rouge des Balkans ». Son initiative dérange les villageois, peu habitués à voir une femme travailler, encore moins lorsqu’elle remplace le chef de famille.
Malgré le miel et l’ajvar, le film a le goût de l’âpreté, livrant une success-story sans recourir aux outils du mélodrame. Fahrije avance pas à pas, passe son permis, répare ce qu’on lui casse, prépare son condiment, trouve un supermarché, colle des étiquettes pour améliorer la visibilité de sa production… « Si mon mari revient un jour, il comprendra », dit-elle. Au fil du récit et de sa persévérance, elle convainc d’autres veuves présumées de la rejoindre.
Aimanté continuellement au visage stoïque de son héroïne, La Ruche s’accorde à une certaine idée de la droiture, incarnée par la constance des traits de son actrice. Des silences, des couleurs patinées et toujours ce visage impassible qui ricoche de plan en plan.
La Ruche est le premier film de l’histoire du Festival de Sundance à avoir remporté en 2021 trois prix dans la catégorie internationale – le Grand Prix du jury, le Prix du public et le Prix de la réalisation.