Neruda est un film chilien réalisé par Pablo Larraín, présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2016.
Pablo Larrain et son scénariste Guillermo Calderon se sont plongés dans les poèmes et les écrits de Pablo Neruda, leur objectif étant de faire ressortir du film l’univers du poète et non pas une simple biographie.
Nous sommes à la sortie de la seconde guerre mondiale, fascisme et communisme font rage un peu partout et au Chili particulièrement où Videla, élu pourtant par des communistes comme Neruda (excellentissime Luis Gnecco), alors sénateur, vire sa casaque pour mener une politique d’ultra-droite en jetant en prison des travailleurs communistes par tombereaux.
Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement.Pablo Neruda est déclaré traître au régime populiste en place.
Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète.
Il doit fuir, se cacher… Cet épisode bien réel — du moins le début de la cavale, entre 1947 et 1949 — inspire au réalisateur Pablo Larraín un grand poème visuel, fait de scènes courtes, insolites, caustiques et rêveuses.
Dans cet anti-biopic éblouissant, le cinéaste détricote tout et, d’abord, la figure du grand homme. Il s’agit moins de montrer les faits que les effets : l’imaginaire de Neruda, son impact sur tout un peuple, sa puissance créatrice s’échappent, débordent, truquent le réel, dévient la narration.
Le film devient vaste et vibrant comme le Chant général, que Pablo Neruda est alors en train d’écrire. A la poursuite de l’artiste, Oscar Peluchonneau , raide comme la mort, d’une sinistre drôlerie, que Gael García Bernal rend à la fois pathétique et inquiétant , commente en voix off l’étrange jeu de cache-cache — des coulisses du pouvoir de Santiago aux espaces infiniment blancs de la cordillère des Andes.
Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire…
Sur ce tableau fantasque et libre d’une époque où les poètes étaient plus grands que la vie, où ils promettaient, avec une confiance effrontée, des lendemains fraternels, plane aussi l’ombre de la dictature.
Renouant avec l’histoire politique de son pays, également tourné avec le mexicain Gael Garcia Bernal (Oscar Peluchonneau)) , Pablo Larraín s’attaque avec Neruda ( excellentissime Luis Gnecco) à un biopic d’un genre un peu particulier, qui met en scène les deux années précédant son passage en Argentine puis à Paris.
Pablo Larraín réussit cette gageure d’imprimer à son film une certaine ambiance. Une ambiance fragmentaire, donc, tout comme la poésie de Neruda, qui voudrait, de l’aveu même du cinéaste, traduire davantage le rythme de cette poésie que la vie de Neruda lui-même.