Hinde Boujemaa met en scène un personnage féminin très fort ( l’actrice Hend Sabri) confronté au patriarcat violent, un tableau saisissant de la vie quotidienne, un sentiment de fatalité.
Avec deux têtes d’affiches tunisiennes et un sujet brûlant, l’adultère, « Noura rêve », troisième long-métrage de la réalisatrice belgo-tunisienne Hinde Boujemaa, met en scène la vie d’une femme cadenassée par la loi tunisienne condamnant l’adultère*.
Noura, la quarantaine, est employée dans un hôtel, où elle s’occupe du linge. Elle élève seule ses trois enfants tandis que son mari, Jamel ( Lofti Abdelli), un bon à rien, est encore en prison. Mais elle a son jardin secret, un amant dont elle est très amoureuse, le tendre et impatient Lassad (Hakim Boumsaoudi). La procédure de divorce qu’elle a lancée est sur le point d’aboutir, elle vient de déménager, entrevoit le bout du tunnel. C’est alors que son mari est libéré prématurément, du fait d’une grâce présidentielle. Paniquée, Noura voit son plan s’écrouler. Bien entendu, le père des enfants ne tarde pas à comprendre la situation…
C’est à cet endroit-là que la cinéaste met en scène la partie la plus intéressante de l’histoire : en effet, la vengeance échafaudée par le mari met en lumière l’hypocrisie de la société tunisienne, laquelle tolère davantage les relations extraconjugales lorsqu’elles sont le fait des hommes.
Tantôt très volontaire, ou carrément affolée, Hend Sabri entre dans la peau de cette femme un peu vulgaire, combative et libre, qui revendique son droit au bonheur. En face, son amant, Lassad, sans doute échaudé par les machinations du mari, apparaît un peu flou au regard de la flamboyante héroïne.