On dit que le cinéma est le septième art. Mais, comme les films sont aussi des produits commerciaux avec leurs contraintes de financement et de budget, voici que leur promotion en devient partie intégrante.
Si dans certains cas cela se fait discrètement, dans la promotion du film du metteur en scène iranien Abbas Kiarostami ce fut considérable. Parce que la presse, avec quelques exceptions, a essayé de nous présenter un film finalement de qualité moyenne comme un chef d’œuvre. Mais, malheureusement n’est pas Michelangelo Antonioni qui veut et ce film suit ses traces mais n’arrive jamais à égaler la profondeur des films du regretté Maître (rappelons-nous de la trilogie : La notte, L’avventura, l’eclisse réalisés au début des années 60) de l’aliénation et de l’incommunicabilité soit de l’insatisfaction existentielle.
Le synopsis est linéaire : un homme ( le baryton anglais William Shimell qui interprète le rôle d’un écrivain) et une femme (Juliette Binoche qui par l’ intensité de son interprétation dans ce rôle a mérité le prix de la meilleure actrice au Festival de Cannes 2010) se connaissent pour des raisons quelconques et passent ensemble une journée en se confrontant l’un l’autre dans différentes situations. Cela fait naître une sorte de confession réciproque entre deux personnes qui semblent se rapprocher mais qui finalement restent seules avec leurs sentiments.
C’est un film fortement symbolique, qui tourne autour de deux personnages qui pourraient être un beau couple sans l’être et qui, finalement, peut-être, n’existe même pas en tant que tel dans la réalité mais simplement dans leur imagination. Mais quelle imagination ? De la femme qui se cherche sans se trouver, seule avec ses désirs qui ne peuvent pas devenir réalité ? Où de l’homme qui lui parait à la fois proche et étranger ? Y a-t-il donc un perpétuel malentendu entre hommes et femmes ?
Nous nous en tiendrons aux paroles d’Abbas Kiarostami : « Je crois que les hommes ont un rapport égocentrique à l’amour. Alors que les femmes sont dans le questionnement permanent. Dans le film, l’homme assume l’évolution de l’amour. Il dit qu’il n’y a pas à s’inquiéter si les bourgeons se transforment en fleurs et si les fleurs tombent. La femme, elle, ne peut pas accepter le changement et voudrait rester au stade des bourgeons ».
Ainsi ce sont les souvenirs de la vie passée qui sont abandonnés pour mieux resurgir, avec l’apport du temps et de la réflexion, sous une forme plus complète. D’où ce besoin éternellement renouvelé de reproduire les faits et événements suivant ses propres illusions ce qui fait, comme le dit le titre du film, que parfois la « Copie conforme’ »est mieux que la première mouture. Magnifiques les images du film tourné en Toscane avec un cadrage des images qui accompagnent le déroulement du scénario come une musique.