Edith, 45 ans, ouvrière dans une usine textile, voit sa vie bouleversée par un plan social. Loin de son fils et sans attache, plutôt que le chômage, elle est la seule à choisir de rejoindre son usine délocalisée au Maroc…
L’usine s’arrête mais elle, elle continue. Ouvrière dans le textile, Edith choisit de partir au Maroc pour garder son poste, après une délocalisation.
Ce film parle de délocalisation de l’industrie française, avec la surprenante décision d’une de ses employées de ne pas accepter d’être licenciée et de poursuivre son labeur du côté de Tanger.
A la fois terre à terre et pas du tout réaliste, elle est la seule à ne pas voir les difficultés qui l’attendent. Son plan de carrière, déterminé et désespéré, ressemble à une errance…
En prenant le large, l’ouvrière recommence une vie et trouve, peut-être, la famille qu’elle n’a pas réussi à former avec son fils. Mais elle reste aussi rivée, jusqu’à la dureté la plus impressionnante, à son obsession : le travail à tout prix.
Voilà un beau personnage, à mi-chemin entre le cinéma social et le romanesque.
Néanmoins, on retrouve dans Prendre le large l’attachement à ses personnages, une pudeur et une délicatesse de bon aloi. Le Tanger du film, qui n’a plus rien à voir avec celui, sulfureux et romantique, des grands écrivains se rapproche de celui âpre mais toujours inondé de mer bleue.
De Sandrine Bonnaire, on a souvent dit ou écrit qu’elle était lumineuse dans ses rôles.
Ce n’est pas le qualificatif qui vient à l’esprit pour Prendre le large car la femme qu’elle incarne, défaite et malheureuse, semble avoir éteint toutes les lumières de son âme .
Pour décrire le courage d’Edith comme sa fragilité, le cinéaste Gaël Morel et l’actrice Sandrine Bonnaire trouvent la note juste, dans un bel élan de générosité commune.