Maryam est médecin dans la clinique d’une petite ville d’Arabie saoudite.
Alors qu’elle veut se rendre à Riyad pour candidater à un poste de chirurgien dans un grand hôpital, elle se voit refuser le droit de prendre l’avion.
Célibataire, il lui faut une autorisation à jour signée de son père, malheureusement absent.
Révoltée par cette interdiction de voyager, elle décide de se présenter aux élections municipales de sa ville. Une candidature mal vue par ses opposants masculins…
Mais comment une femme peut-elle faire campagne dans ce pays ? Elle se lance, accompagnée de ses deux sœurs. La campagne électorale en dix étapes dégotées sur internet ne s’annonce pas comme un long fleuve tranquille.
Discrètement, les outils numériques apparaissent comme des moyens d’accompagner l’évolution de la société tout en maintenant le cadre social. L’historique séparation en Arabie Saoudite entre hommes et femmes lors des mariages, des meetings politiques ou dans les mosquées est révolutionnée par la visio-conférence dont use ponctuellement Maryam. Ruser pour déjouer les traditions qui contraignent la condition de la femme et sa parole. Ses sœurs illustreront à merveille l’usage moderne de l’image et du son et celui des réseaux sociaux selon les codes saoudiens.
Même si la victoire électorale semble perdue d’avance, là n’est pas le sujet. Maryam s’évertue à prôner le courage et l’envie de changement bien plus que le résultat. Il ne suffit que de « changer les mentalités » !
« The Perfect Candidate » déroule une bribe de vie de Maryam, mais également de ses deux sœurs et de son père. Musicien et chanteur en tournée pendant la campagne, le parallèle est constant tout au long du film révélant la facilité de la figure paternelle dans la réussite, bien que tourmenté par l’émancipation de ses filles. Une contrebalance au chemin périlleux pris par l’une d’entre elles.
Dans cette chronique sans fioritures portée par une belle musique traditionnelle, Haifaa Al-Mansour continue de défendre les droits de la femme, toujours malmenée dans son pays, et dresse le portrait, jamais misérabiliste et souvent joyeux, de trois sœurs qui tentent de faire changer les choses et ne baissent jamais les bras. Une belle leçon de courage.
Haifaa Al-Mansour est la première réalisatrice d’un pays, l’Arabie Saoudite, à l’industrie cinématographique embryonnaire. En 2012, son passage à la réalisation d’un premier long-métrage de fiction, Wadjda, fut une réussite saluée dans de nombreux festivals dont celui de Venise.
Sa dernière production cinématographique aborde la condition féminine (mais pas que !) dans son pays sans en appeler pour autant à la compassion des spectateurs, ni à leur indignation…
Finalement ce film est à voir tant pour son histoire que pour son message. .