Buffalo Bill fait partie, avec Davy Crockett et Kit Carson, des personnages, des héros que des millions de petits garçons ont voulu imiter dans leurs jeux de gamins. Ils ont bercé l’enfance de ceux qui sont devenus parents ou grands parents.
Buffalo Bill est encore le sujet d’un diner-spectacle pour touristes présenté par un parc d’attractions en région parisienne, preuve que près de cent ans après sa mort il attire toujours.
Mais pas la peine de dépenser une grosse somme d’argent pour connaître la vie passionnante de cette figure de la Conquête de l’Ouest américain, vous pouvez le faire gratuitement et de manière plus personnelle et vivante, dans une charmante commune du moyen pays niçois, Tourrette Levens. Et vous ne serez vraiment pas déçus du déplacement que vous pouvez effectuer soit en voiture (le parking lui aussi gratuit est assuré) ou bien en bus à partir de Nice (pour 2 euros AR).
Connaissez-vous une seule commune en France où la salle du conseil et des mariages est ornée d’œuvres originales d’artistes contemporains de grand renom, toutes ayant été offertes en remerciement au soutien indéfectible et acharné à la culture ?
Quelques indices. Son premier magistrat est notamment à l’origine des « Estivales » du Conseil général qui proposent des centaines de spectacles et manifestations gratuites durant l’été, des concerts de « C’est pas classique » (encore gratuits) et de « 06 en scène », sans compter les expositions de niveau international qui se tiennent au Musée des arts asiatiques de Nice.
Ne cherchez plus, c’est le village médiéval de Tourette Levens dont le maire, le « bon docteur » Frère, est depuis des lustres le président de la commission culture du Conseil général des Alpes-Maritimes, collectivité dont il est toujours l’un des vice-présidents. Mais le personnage est surtout un « fou » du cirque depuis l’âge de quatre ans, une véritable encyclopédie vivante et reconnue dans le monde entier.
N’est-il pas l’un des conseillers artistiques du prestigieux Festival international du Cirque de Monte-Carlo, manifestation dont il fut –avec le Prince Rainier III- l’initiateur en 1974 ? Il a mis en place – dans le sous-sol de sa maison- un véritable musée privé du Cirque constitué par les cadeaux des plus grandes familles de la discipline et depuis des générations mais également par ses acquisitions dans tous les endroits du monde. Lorsqu’il en parle, il est intarissable et l’on sent une telle ferveur que l’on a qu’une envie, avoir le privilège de le visiter avec les commentaires du Maître.
« Buffalo Bill, une passion de gosse »
« Buffalo Bill, c’était mon Johnny à moi, un héros de mon enfance » cette confession d’Alain Frère résume toute la passion d’un homme pas comme les autres pour un personnage hors du commun. Dès sa plus tendre enfance il fut baigné dans ce monde de Buffalo Bill par les histoires de son père (celui d’Alain Frère) qui l’avait vu avec le cirque Médrano. Une passion de gosse qui l’a conduit à rechercher le plus d’éléments sur l’histoire de ce héros –souvent controversé- du Far West.
Une partie de cette « chasse aux trésors » s’est retrouvée en 2008 dans l’exposition qui avait été consacrée à Buffalo Bill au Musée d’histoire de Marseille pendant plus de quatre mois.
Mais cette fois, « Frère » est le seul « exposant » d’une exposition exceptionnelle qui se tient dans son département et surtout dans sa commune. C’est un coin de sa vie personnelle qu’il a accepté –avec tout le cœur que lui connaît- de dévoiler jusqu’au 13 septembre.
Un autre personnage a également puisé dans ses souvenirs d’enfance et uniquement dans ceux-ci, c’est Jean-Alexandre Delattre, le sculpteur de la Somme mais internationalement reconnu par ses pièces aux dimensions impressionnantes.
Pour lui aussi, Buffalo Bill est un héros inoubliable et il a réalisé la sculpture –devant l’espace Chubac- qui vous indique l’entrée de l’exposition sans consulter aucune photo ni dessin, uniquement avec ses souvenirs et sentiments de gamin. Tout y est, chapeau l’artiste !
Ce n’est pas un hasard si les deux hommes se sont retrouvés sur ce projet Buffalo Bill et pas seulement parce que cet ancien ferrailleur était déjà représenté à Tourette-Levens, il y a visiblement une certaine connivence entre eux, pour ne pas dire plus.
A coup sur, ils auraient bien aimé être dans le public à Nice pour la dernière étape française de la tournée européenne « le Buffalo Bill’s Wild West », un spectacle qui est resté quatre jours dans la capitale azuréenne, un événement immortalisé déjà- par Jean Gilletta et ses photos.
Il faut dire que voir débarquer en mars 1906, à l’emplacement actuel de la piscine Jean Bouin, cinquante deux voitures de trente mètres de long qui représentaient le contenu des quatre trains spéciaux arrivés à Nice en provenance de Draguignan, avant de partir le 13 mars vers l’Italie, c’est pas donné tous les jours comme le relatent nos confrères de l’époque, ébahis devant la maîtrise technique pour le montage et le démontage mais également par le show « à l’américaine », une expression qui reflète bien l’ambiance et qui est restée. Un panneau spécial, à droite en entrant, vous le résumera par le texte et les images.
Nice, dernière étape française de la tournée en Europe de Buffalo Bill
Nice peut donc s’enorgueillir d’avoir hébergé du 9 au 12 mars 1906, le fabuleux spectacle d’un homme qui a bien existé. William Frédérik Colby, alias Buffalo Bill, est né le 26 février 1846 à North Plate (Iowa) et meurt le 10 janvier 1917 à Denver (Colorado). Il aurait du rester un très bon soldat de l’armée américaine, il a fini colonel et sa vie fut véritablement aventureuse, mais pas devenir ce héros universel sans l’intervention d’un journaliste.
Ned Buntline, pseudo d’un chroniqueur et aventurier du nom d’Edward Zane Caroll Judson (avouez que Ned Buntline est plus court et sonne mieux), raconte les aventures réelles ou imaginaires (à vous de voir selon votre humeur) de W.F Cody, rebaptisé Buffalo Bill à cause d’un record de bisons (buffalo en anglais) tués lors d’un concours avec un autre Bill, dans le cadre de son activité pour nourrir les ouvriers de la compagnie de chemins de fer Kansas Pacific, chasse qui condamnait les indiens. Le personnage est semble-t-il plus vrai que nature mais la légende est en marche.
La suite, Buntline persuade Buffalo Bill de jouer le rôle principal dans une pièce « Les scouts des plaines », tâche qu’il va tenir avec succès pendant 11 ans. En 1883, c’est la première représentation du « Buffalo Bill’s Wild West » à Omaha (Nebraska), le show est sur les rails de la gloire. Pensez-vous, vous retrouvez les meilleurs cavaliers du monde, sous les traits de vrais cow-boys et de vrais indiens (certains diront que non) mais le grand chef sioux Sitting Bull était bien présent dans le spectacle, lui qui fut le bourreau du Général Custer, sous qui servit le même Buffalo Bill !
C’est l’un des paradoxes de ce personnage de légende dont le spectacle fut choisi pour représenter l’Amérique lors du jubilé » de la Reine Victoria à Londres en 1887 avant d’être l’invité d’honneur de l’Exposition universelle de Paris en 1889.
L’installation était totalement impressionnante, surtout dans ces années-là, et sans subterfuges technologiques comme les tournées des stars actuelles dont on nous vante sans arrêt les prouesses. A côté de celle de Buffalo Bill, dont vous pourrez voir une maquette lors de l’exposition, celles des stars -dont on nous vante sans arrêt les prouesses techniques- semblent bien dérisoires vu le contexte de chacune.
Le show de Buffalo Bill est le véritable déclencheur de tout le marketing, de la publicité par l’image, des fameux produits dérivés. Vous allez découvrir à Tourette Levens, quelques affiches qui sont de véritables œuvres d’art, elles étaient à chaque fois réalisées dans les pays concernés par les artistes nationaux ou locaux, une fabuleuse collection de cartes postales et d’autres objets rarissimes.
Pour compléter ces explications, il y a également un documentaire vidéo qui retrace l’histoire du show et un peu du personnage qui ne fut pas seulement un fantastique showman.
Cet orphelin d’anti-esclavagistes fut surtout un homme de passion, parfois de contradictions, qui vécu une histoire d’amour animée avec Annie Oackley –considérée comme la meilleure gâchette avec un revolver- pendant dix sept ans.
Elle avait intégré la troupe où Buffalo Bill considérait autant les chevaux que les êtres humains.
IL fut cependant un très mauvais gestionnaire de sa fortune car il du continuer presque jusqu’au bout (1916) à monter à cheval pour payer ses dettes, il est mort peu de temps après, en janvier 1917 !
[[Exposition « Buffalo Bill, The Wild West Show »
Espace Chubac
Ouverte tous les jours de 14h à 19h
Renseignements au 04 93 91 00 16
entrée gratuite et parking assuré
Tourette Levens (près de Nice)
Accès Bus N°89 au départ de la gare routière de Nice
]]