Une phrase de Jean Jaurès dans la salle des quatre colonnes de l’assemblée nationale, pourrait admirablement résumer ce livre, le déroulement d’une journée, ce 31 juillet 1914, jour de l’assassinat du tribun socialiste.
Ses propos : « Aurons-nous à faire la guerre parce qu’on n’a pas tenu la promesse faite par d’Aerenthal à Iswolsky, de lui donner à titre de pourboire, 40 millions pour l’arrangement de l’Autriche avec la Bosnie-Herzégovine ? Est-ce pour cela que nous allons répandre et voir couler le sang des peuples d’Europe ? »
Nous avons dans cette phrase le maître d’œuvre de la politique et de la diplomatie de la Russie. Le tsar est absent, dépassé et quand il communique avec son cousin, non par le rang mais par le sang, il lui avoue son impuissance. Jean Jaurès avait très bien vu les conséquences de ces alliances où la France allait être entrainée dans une guerre pour la Serbie.
Ils ont tué Jaurès, qui ? Là on n’a jamais eu la réponse. Raoul Villain, on nous le décrit comme une sorte d’idiot, à demi fou. Bien facile pour échapper aux questions. Qui l’a armé ? Qui l’a incité à tuer ?
Jaurès était le seul homme capable, par son aura et son verbe, d’empêcher la guerre. Il dénonçait l’alliance avec la Russie, il préconisait la négociation, voulait croire en une solidarité de classe entre les ouvriers par-delà les frontières. Les unir pour dire non à l’engrenage, non à la guerre. On l’a assassiné. La première réaction de ses amis : « Ils ont tué Jaurès ! » Ils, qui ? Peut-être un élément de réponse avec l’odieux acquittement de Raoul Villain après la guerre et sa boucherie.
Un livre sur une journée, dont l’issue est la mort d’un homme, la guerre comme tombé de rideau et 1 500 000 morts rien que pour la France, merci monsieur Raoul Villain, tout ce sang est sur vos épaules.
Thierry Jan