L’Egypte est décrite par l’auteur dans sa révolution du printemps arabe. Les héros se retrouvent confrontés à la dictature militaire et à la menace d’un autre despotisme celui de la religion.
Tous les acteurs de ce roman doivent prendre garde et être prudent. La censure, la sécurité d’Etat sont omniprésentes et une arrestation n’est jamais anodine. Un roman d’amour où Alaa el Aswany nous décrit les usages et coutumes de l’Islam où tolérance et intolérance se mélangent harmonieusement. Il est interdit de….Mais il est possible de….
Un esprit occidental aura du mal à s’y retrouver. Un peu un conte des mille et une nuits où l’amour est omniprésent. Il faut demander à l’autorité religieuse si le voile doit être imposé ou conseillé.
On arrive ainsi à une situation ubuesque pour ne pas dire hypocrite sur le concept de l’interdit et du permis. Les rapports adultères ne sont pas autorisés mais tolérés. Les coptes sont chrétiens et face aux musulmans il y a des divergences sur la morale sexuelle.
L’homme pour l’Islam est le maître, la femme qu’elle soit son épouse ou sa fille lui est soumise. On découvre avec ce roman également le sentiment de classes sociales entre riches et pauvres. L’Egypte malgré l’indépendance et plusieurs révolutions est toujours un Etat despotique partagé entre les militaires et les religieux. Un jour un général ou un colonel, le lendemain après une émeute un iman.
Mais jamais la liberté comme on l’entend en occident. Un roman passionnant écrit comme une poésie à la femme et à l’amour. Les nombreuses scènes érotiques ne sont jamais vulgaires. Nous sommes sur les bords du Nil et on imagine Cléopâtre surgir derrière une tenture pour nous fasciner par sa beauté. Faire l’amour est peut-être le plus beau poème disait un épicurien.
Alaa el Aswany a obtenu pour l’ensemble de son œuvre le prix Jacques Audiberti 2019.