La plus éloignée du continent, gardienne, avec sa tour, du large et des dangers, elle protège le littoral et les Oratores sont là pour le salut des populations.
Ces moines reclus volontaires, un choix de vie, nous invitent à partager leurs prières et leurs méditations, à déguster les produits monastiques et surtout à découvrir une île vierge de toute urbanisation, un plongeon dans le temps, un retour salutaire aux sources, celles de l’aube de l’humanité.
Quand on arrive dans cette île monastère, après le débarcadère, on se dirigera vers le levant. Après quelques pas dans une garigue chaleureuse, on découvrira les fondations d’une ancienne chapelle dédiée à saint Michel, laquelle fut jadis entourée d’un cimetière romain.
Quand on fait le parcours en été, c’est le chant des cigales, crissement rythmés qui accompagne le promeneur. Avec un peu de chance et de perspicacité, on peut en découvrir accrochées au tronc des pins maritimes. Nous laissons sur notre droite le portique de l’abbaye, un oratoire à la vierge Marie nous accueille pour un moment de repris ou de dévotions.
On reprend notre pérégrination à la découverte de cette île où la prière et la guerre se confondirent souvent dans ces luttes entre princes pourtant chrétiens, mais aveuglés par l’ivresse de la puissance. Bientôt on pourra apercevoir les vignes derrière une clôture, trémies d’osiers, symboliques. Les rangées de vignoble dansent sous un vent léger qui fait frisser les feuilles et la mer. Ce chai produit un vin apprécié des amateurs.
La chapelle de la Trinité des IX° ET XI° siècles, fut transformée en fortin par les envahisseurs espagnols en 1635. Elle se trouve à l’extrémité est de saint Honorat. Maintenant, nous nous retrouvons face à la pleine mer et pouvons dans l’horizon embrumé par la chaleur, deviner des navires qui vont et viennent, déchirant les flots de leur étrave et laissant leur traîne s’évanouir lentement sur la mer à peine ridée par un Eole aujourd’hui paresseux.
Au détour de ce sentier de terre, on se retrouve face au monastère fortifié qui du haut de sa tour surveille un panorama qui porte jusqu’au rocher de Théoule. Ce monticule, barrant l’occident, s’embrasera le soir avec le soleil disparaissant derrière sa cime. L’église abbatiale où l’on entre pour un instant de silence de méditation et de fraîcheur invite à l’introspection. Au dessus du maître autel, un christ est éclairé par Hélios et ses cheveux de feu. On poursuit notre balade vers les chapelles saint Cyprien et saint Caprais, ce dernier fut un compagnon de saint Honorat et vécut à cette extrémité ouest de l’île au V° siècle.
On rejoint l’histoire, quittant la quiétude monastique avec ces fours à boulets rouges érigés par le général Bonaparte face au danger des envahisseurs Anglais, en 1793, afin de défendre Cannes. Une dernière chapelle au plan octogonal, il y en a une semblable à la Brigue, date du XI° siècle.
Après l’écroulement de sa voûte, celle-ci fut reconstruite en étoile au XVII° siècle. Ayant terminé notre visite, nous nous arrêterons à la tonnelle de l’île où nous pourrons vérifier les affirmations de Rabelais, les moines sont de fins gourmets et cette bière succulente sera très appréciée en attendant le bateau qui nous ramènera sur le continent.