Son premier amour, le piano-voix l’a rattrapé. « Je suis pianiste à la base. J’ai mis le piano de côté parce que j’ai appris à jouer de la guitare avec Tryo ».
Vous êtes prévenus, pas la peine de chercher le côté lâché. Dans « Je vous emmène », l’univers de Christophe Mali est ouvertement à fleur de peau, mais enjoué et enthousiaste. Son album parle d’histoires d’amour, de l’abandon, de l’absence, du désir, de perdition. « J’aime bien écrire les chansons d’amour. En tout cas, j’aime », confie avec tendresse le musicien.
Quelle est cette muse qui lui insuffle ces paroles? La plume de Christophe Mali est transportée, inspirée au point de livrer des textes lyriques très privés, portés par des airs de bossa drum n’bass, du jazz, de la guitare, du piano…. Des textes remplis de soleil et de joie de vivre, qui ont les sentiments pour seul engagement. « Sans amour/ Etre image futile/ Existence inutile/ Attendre au carrefour…»
Voilà, c’est dit, c’est l’amour qui fait marcher le monde de Christophe Mali. L’amour dans tous ses maillons, démesuré, porté aux femmes et aux hommes, en dehors des origines, des préjugés et des clivages. « Rose des Sables», offerte à la femme musulmane, « Lili », à toutes les amoureuses, « Jeune homme », à l’amour gay, « Caméléon », à tous ceux qui vivent dans l’attente d’une âme sœur, « L’absence de toi », à tous les cœurs brisés…
A la façon des surréalistes, Mali la malice avait parsemé ses textes des doubles sens, de sous-entendus, d’énigmes. Tentation de les décrypter… Puis, simplement le plaisir de cette voix rauque, des mots qui s’enchaînent, volent, crépitent, se balancent. Mali aime la langue et elle le lui rend bien. « L’absence de toi: c’est mon corps qui craque/ mon corps qui éclate/ c’est la grenade qui craque/ sous le soleil mûrit et qui mouille mes doigts … »
Le musicien rêve d’écrire une comédie musicale. Mais elle est déjà présente dans ses spectacles. Car l’artiste ne se contente pas de chanter, il met en scène. Avec talent et un certain savoir-faire, hérité de son autre vie, celle de comédien. Sur scène, c’est un bout en train qui part sans raison dans un rire communicatif, invite à participer, claque des doigts, se signe, provoque, et bouge, bouge, bouge… « C’est la même personne dans un nouveau décor », se défend-t-il. « Le costume et la cravate, c’est pour brouiller les pistes. Pour emmener les spectateurs là, où ils ne s’attendent pas ».
L’écriture de textes lyriques est un exercice de style que Mali réussit avec aisance. Il a le secret de refrains prêts à fredonner comme dans Lili : « Comme j’en avais de la chance/ Quand Lili marchait à coté de moi… ». Mais aussi le rare talent de sauter du coq à l’âne sans entrave.
Dans l’album, deux chansons détonnent. Le curé de ma chapelle, « une chanson qui nous emmène dans le trou du cul de la France, chez le curé de la chapelle un peu dévergondé » et « On s’en fout », un bilan de l’état de la planète. Des hommages, nécessaires, à Tryo. Pour montrer que ce n’est pas fini entre eux. « Ma carrière solo ne signifie pas du tout la fin du groupe, ce sont des mauvaises rumeurs. On va d’ailleurs sortir un album en 2007 et c’est reparti pour dix ans. Minimum !»