Le réalisateur Alain Corneau est décédé le 30 août 2010 à l’âge de 67 ans des suites d’un cancer. Cinéaste doué et respecté par ses pairs, Alain Corneau a débuté sa carrière cinématographique par des films policiers avant de s’orienter vers des créations plus ambitieuses dans les années 1980 aux côtés du ténébreux Patrick Deawaere, de Marie Trintignant ou encore Gérard et Guillaume Depardieu. Il avait avec ces deux derniers réalisé « Tous les matins du monde », récompensé en 1992 par l’Oscar du meilleur film. Il n’a pas eu le temps de voir la sortie de son dernier film « Crime d’amour » sur le thème du harcèlement moral. Il aura là aussi mis en scène deux actrices de talents, Ludivine Sagnier et Kristin Scott Thomas.
Crime d’amour, son dernier hommage
Elles incarnent dans ce film, le rôle deux femmes qui s’affrontent au sein d’une puissante multinationale. La jeune Isabelle (Ludivine Sagnier) travaille sous les ordres de Christine (Kristin Scott-Thomas), une femme de pouvoir qu’elle admire sans réserve. Convaincue de son ascendant sur sa protégée, Christine entraine Isabelle dans une eau trouble et perverse. Mais un jour, ce jeu dangereux va trop loin … Après une horrible scène d’humiliation publique, Isabelle veut se venger de sa supérieure hiérarchique, Christine. Mais elle sait que si elle passe à l’acte, elle sera immédiatement désignée comme suspecte idéale. Isabelle met alors en place un plan diabolique, celui du crime parfait ! Une mise en scène inédite, paradoxale et longtemps incompréhensible.
Isabelle créée des indices accusateurs envers elle…(spoiler)…jusqu’au final qui change complètement l’orientation du scénario et lui permet de réaliser sa vengeance avec perfidie et cruauté en faisant inculper celui qui, par faiblesse et calcul, lui avait préféré sa rivale !
Un film noir et stylisé
Le cinéaste Alain Corneau nous offre un film noir et stylisé dont l’intrigue machiavélique est conçue comme une mécanique d’horlogerie avec des rebondissements qui ménagent le suspense jusqu’au bout.
De toute évidence ‘Crime d’amour’ est un exercice de style. C’est son charme et, en un sens, sa limite.
Comme dans ‘Police Python 357’ et dans ce qui reste son chef d’œuvre, Corneau détaille les pièces que les héros ourdissent pour mieux tomber dedans.
Les lumières froides et les décors glacés encouragent une paranoïa légère.
La musique jazz que le cinéaste utilise en orfèvre accentue encore l’étrangeté.
Le principal intérêt du film réside dans le duo d’actrices.
Mises en face-à-face, Ludivine Sagnier et Kristin Scott Thomas composent chacune un magnifique personnage de femme à carrière.
Leur relation ambigüe, faite de manipulation et de domination, soutient l’attention des spectateurs bien au delà de l’intrigue. A voir donc.