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25 novembre 2024

Debussy et Ravel par le Ballet de l’Opéra de Nice : de la danse…et du muscle !

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« C’était très professionnel mais cela ne m’a pas plu ! ». En quittant leur loge, deux femmes russes commentent allègrement dans la langue de Tourgueniev les prestations du ballet de l’Opéra de Nice qui dansait sur des mélodies de Debussy et de Ravel. Différence entre école fondamentalement classique et conception plus contemporaine de l’expression corporelle ? « Trop athlétique, trop gymnique », acquiesce son amie un peu plus âgée.

Le choix du programme musical suggérait, il est vrai, la recherche de mouvements tournés vers les profondeurs de l’intériorité plus que vers la démonstration de force. Réglé par le Maître de ballet Eleonora Gori, le spectacle – par ailleurs d’une indéniable qualité artistique – semble parfois avoir privilégié l’investissement dans la puissance du travail corporel à la suggestion affective, plus impressionniste des sentiments. Avec pour conséquence, un spectateur littéralement plus saisi que touché par les évolutions scéniques.

jpg_ballet5red.jpgEn première partie, les « Nocturnes » de Debussy font ainsi apparaître les danseuses du corps de Ballet, véritables créatures rampantes aux larges vêtements noirs qui flottent comme les ailes d’un animal, étrange et inquiétant, de la nuit. Mieux synchronisées dans leurs évolutions d’ensemble que leurs collègues masculins, ces sirènes qui semblent préférer l’ombre à la lumière – les éclairages étaient signés Jean-Philippe Corrigou – ajoutent au singulier contraste avec les prestations plus acrobatiques, un peu en ordre dispersé des danseurs. Ces derniers recherchent et multiplient les postures viriles, ce que ne saurait démentir la symbolique finale du muscle saillant du bras auquel viennent s’accrocher en désespoir de cause, ces papillons virevoltants et perdus.

jpg_ballet2red.jpgL’un des grands moments de cette soirée restera sans aucun doute l’adaptation scènique du « Prélude à l’après-midi d’un faune » avec le couple de danseur Paola de Castro et Andrès Heras Frutos. Non seulement en raison du thème musical lequel, à l’image d’un poème symphonique, offre au public un support projectif au déroulement de la partition. Mais en couple de félins qui s’éveillent à la vie, les deux danseurs ont admirablement su nourrir l’imagination uniquement par l’expressivité de leurs corps qui s’étirent, s’ébrouent, languissent encore un peu au zénith avant de se découvrir mutuellement. Avec un visage aussi épanoui que son corps fait montre de souplesse, Paola de Castro joue – elle éprouve et fait assurément partager au public le bonheur de ce qu’elle danse – et même déjoue les machinations de la puissance musculaire de son partenaire, dont le rythme, même en tenant compte de sa performance « sportive », a parfois tendance à s’emballer, à dépasser la musique et à se délecter de manifestations culturistes presque primitives, déjà entrevues dans la « Guerre du feu ».

En intermède, l’Opéra de Nice proposait un magnifique – mais trop court -récital de piano par Julian Evans et David Levy, deux interprètes de Debussy tout en finesse et en pure émotion.

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Plus nuancée, la deuxième partie offre également davantage de symbiose dans les évolutions du corps de ballet sur la scène. Si Hervé Ilari semble plus convainquant lorsqu’il danse seul, laissant davantage exprimer une réelle sensibilité qu’il paraît contenir en accompagnant sa partenaire, le « pas de deux » dans le premier mouvement de « la Mer » n’en suscite pas moins une atmosphère gracieuse de rêve éveillé à laquelle César Rubio Sancho et José Ramirez Del Toro contribuent également.

jpg_balletensemble4red2.jpgLa chorégraphie de « la valse » de Ravel intensifie cette frénésie d’un final où « la dame en rouge », un rouge aussi vif que la couleur de son divan, interprétée par une Julia Bailet parfois trop physique, donne l’occasion à l’ensemble de corps de Ballet de montrer non seulement son savoir-faire mais également les fruits d’un intense travail de répétition. Largement conquis, le public n’a pas été avare d’applaudissements, lesquels, bien au-delà d’un témoignage de satisfaction immédiate, indiquent également la place légitime de la danse au sein d’un Opéra.

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