Imaginez un mur constellé d’étoiles. Il y en a, du moins pour l’instant, 111. Cette précision est importante, leur nombre peut évoluer avec le temps et l’actualité.
Ces 11 étoiles représentent les personnes mortes en mission au service de la CIA. « The true will set you free. » Ce verset de l’évangile de saint Jean (La vérité te rendra libre) est la devise de l’agence de renseignement américaine. Il est gravé sur le mur gauche du quartier général de cette agence dont les antennes sont présentent dans le monde entier.
Dans ce même hall, un mur : the mémorial wall, est gravé d’étoiles noires anonymes, toutes de la même taille. Chaque fois que de par le monde un agent tombe en service, une étoile est ajoutée à ce mur. Une étoile bien sûr anonyme, puisque qu’un espion est sans nom. 111 aujourd’hui, combien demain ?
Après demain ? Nul ne peut y répondre. Le travail de Maxime Bredou nous fait entrer dans le hall de l’immeuble de la CIA. Le mur de la salle d’exposition est constellé d’étoiles noires, autant de morts, autant de vies sacrifiées. Un hommage en quelques sortes à ces anonymes. L’artiste par un article du New York Times du 2 avril 1978, nous montre une annonce de recrutement à la CIA. Voulez-vous être une étoile noire ?
Souhaitez-vous devenir un espion ? Maxime ne provoque pas, il montre. Ce mur constellé d’étoiles est par définition une œuvre inachevée par son essence. Aujourd’hui 111, combien le 30 novembre quand l’exposition tirera son rideau ?
Passant quand tu passeras devant cette vitrine de la place Yves Klein, ne compte pas les étoiles, mais songe et essaye de deviner qui étaient ces 111 individus. L’artiste leur rend hommage à sa façon, ils sont, d’une certaine façon des soldats inconnus et les étoiles sont les flammes éternelles, celle de leur souvenir, celle de leur sacrifice et brillent à Langley, flammes purificatrices de ces agents pour toujours anonymes. Mais, n’est-ce pas là le sort des vrais héros ?
Thierry Jan