La Station présente jusqu’au 15 septembre un artiste plasticien, Kristof Kintera, né à Prague en 1973. Le visiteur déambule dans ce long couloir de La Station et découvre posés, abandonnés, délaissés ou plutôt disposés des objets aussi divers que des chaussures, des balles, un panneau publicitaire, un lampadaire, bien d’autres choses encore et ce sac à provision, élément d’un décor surréaliste.
L’artiste a réussi son pari, celui d’interpeller le public. La musique, des jeux de lumières, des barrières métalliques, tout ici est vrai, existe ou a existé. Les chaussures marchent toutes seules, le sac s’agite, la batterie joue un rythme endiablé. C’est un film de Fellini, un décor digne de ce maître du cinéma.
Kristof dénonce la société de consommation, le côté vain et inutile de cette course en avant où l’homme ne maîtrise plus les mécanismes qu’il a déclenché. L’artiste d’ailleurs a ces mots durs : « J’essaye d’analyser le monde autour de moi et de tenir devant lui un miroir.»
D’où le titre de cette exposition : Analysis Results. Ce plasticien, dont c’est la première fois qu’il présente à Nice son travail, serait psychanalyste ? Non, il veut seulement changer la destiné des objets de tous les jours et tel le Petit Poucet, il les a semés dans La Station, offrant à chacun de définir une nouvelle utilité à ce qui est devenu inutile et rebus pour le consommateur moderne : « Ce qui rend passionnant cet objet, c’est qu’il ait sa propre logique (souvent illogique)…. » Le visiteur va découvrir ces objets insolites et inattendus .
Kristof Kintera nous emmène dans les coulisses de ces ustensiles de la vie de tous les jours. On est surpris, mais toujours séduit et on suit à la trace le chemin bien balisé que l’artiste nous a tracé. On prend conscience du caractère vain de toujours posséder. Ce plasticien nous montre le bord du chemin où la société moderne a abandonnée tout ce qui ne répond plus au désir immédiat. C’est une condamnation sans appel de notre monde moderne, prisonnier d’une infernale et suicidaire spirale, celle de cette consommation qui épuise peu à peu les ressources de notre humanité. On songe alors à cette question : «
Que fera t-on quand on aura mangé le dernier fruit et mangé le dernier poisson ? ».
Kristof, à sa façon nous donne la réponse. Une exposition à voir, avant qu’il ne soit trop tard.
Thierry Jan