La galerie Ferrero nous propose une double exposition où deux artistes expriment avec chaleur et passion leur art. Des pieds à la tête, poupée de cire, poupée chiffon, poupée porcelaine et poupée de marbre. Virginie de Saint Mears exprime sa spiritualité par des œuvres de récupérations, vielles poupées disloquées, l’ours en peluche crucifié, la couronne d’épine.
L’artiste nous montre le seuil entre l’enfance et l’adulte, l’innocence sacrifiée avec ce doudou crucifié. Il ne faut pas y voir une atteinte au plus sacré des symboles chrétiens. L’œuvre doit être prise au second degré : enfance assassinée, innocence perdue ? En poursuivant notre visite, nous avons quelques éléments de réponse : l’escalier du Titanic, les poupées démembrées.
Cette poupée est tout le symbole du travail de Virginie. La petite fille a perdu sa poupée, a-t-elle sombrée avec ce navire, a-t-elle été détruite par le cours de la vie. Que penser de cet ours en peluche crucifié ? En fait, c’est à chacun d’y répondre. Virginie nous donne les clés pour répondre à notre enfance disparue. « Si vous n’êtes pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. »
Il faut être un enfant, au sens le plus noble du terme, pour comprendre Virginie. La seconde artiste, Monique Thibaudin nous plonge dans l’Agora, le Panthéon, les Dieux sont la base de son travail, l’Egypte et ses divinités. Des dessins, l’oiseau lyre, l’oiseau Dieu, un clin d’œil à Cocteau dans le trait, Monique réside à Vallauris. La femme oiseau, le paradis ou l’enfer ? A chacun d’oser ouvrir la porte et la réponse ne sera jamais la même.
La terre et la mer, de l’une à l’autre, elle nous emmène dans son univers, son monde, nous le fait partager. Laissez-vous aller, imprégner par les œuvres de ces deux artistes. Si Virginie semble rechercher une réponse à la mort de l’innocence, Monique quant à elle nous initie à son panthéon en nous ramenant à l’origine de la spiritualité. Dieu, Dieux ?
Nous ne trancherons pas, laissant à chacun de se faire son idée. L’humain est redevenu un animal, sans déplaire à Rousseau, il a dépassé le bon sauvage et semble plus proche aujourd’hui des cavernes. Virginie et Monique denoncent d’une certaine façon les fanatismes en réconciliant Dieu et les Dieux, mais les humains seront-ils capables de comprendre ?
Là est leur défi et tout l’intérêt de cette exposition, organisée par Guillaume Aral, directeur de la galerie Ferrero de Nice.
Thierry Jan