19h45. Scène Matisse. Les quelques gouttes de pluies n’ont pas délogé le public. Sur la scène, les vainqueurs du tremplin organisé par le Nice Jazz Festival Off. C’est Milevska Trio qui a remporté ce prix en or : la possibilité de se produire en plein festival.
Ceux qui deviendront grands
Une batterie, une basse électrique et une harpe. Rossitza Milevska, la blonde bulgare, promène ses mains entres les cordes dans une grâce parfaite. L’audience est conquise. L’instrument est résolument moderne même pour jouer des standards. Comme elle chante « The perfect melody ». Nouveaux favoris, ils entament une de leurs compositions. Un morceau inspiré de Raoul Midon, entendu ici même, aux arènes, il y a quelques temps. La boucle est bouclée. Patrice Taboni le bassiste confie qu’il « était un peu compliqué de jouer avec une harpe, des mesures composées, des métriques bizarres. Mais oui, développer cette musique sur une harpe nous a vraiment donné l’impression de faire quelque chose d’original »… et d’unique. Une victoire amplement méritée.
20h20. Le public du trio bulgare ne peut bouger, conquit par les artistes qui se succèdent. Sorti du jazz, la scène Matisse prend des airs de «good morning Vietnam» avec Morley. Style hippie, guitare sèche et voix rauque, la belle new-yorkaise souffle un vent seventies sur le festival. La colline de Cimiez vit alors à l’heure américaine.
Celle qui l’est déjà
21h15. A quelques mètres de là, la scène du jardin est vide. Entre les oliviers, les festivaleux se pressent, se serrent, montent sur la pointe des pieds pour apercevoir celle qu’ils attendent tous. Elle monte sur scène, sa guitare à la main. Le silence se fait. La « reine du folk » entonne sa première chanson.
Joan Baez a des fans de toutes les générations, de tous les pays, de tous les partis. Et ceux qui ne connaissaient pas « la madone des pauvres gens » sont repartis plus riches en leurs fors intérieurs. Joan Baez est la mère de tous ceux qui s’émeuvent sur des morceaux engagés, ceux qui croient (encore) en la paix. Loin de Woodstock, l’esprit est pourtant toujours là. Immuable. Tristement indémodable. Icône des années soixante-dix, Joan Baez n’a pas changer et chante dans l’air du temps, en français s’il vous plaît : «Nous t’attendons Ingrid et nous serons libres quand tu le sauras». Elle est un messager qui, à chaque morceau, explique à son public le sens des paroles qui vont suivre. Un échange unique. Des applaudissements infinis autour des oliviers toujours impassibles.