L’un, alto, réussit des attaques incisives. Il lance, exalté, ses phrasées avec un éclat vocal lumineux et aborde aisément les aigus avec une voix ample, mélodieuse et agréable. L’autre, contre-ténor, nous entraîne dans les mystérieuses profondeurs de son timbre intérieur. Il envoûte par d’impressionnantes modulations qui révèlent une tessiture étendue et émeuvent par la touchante résistance de ses graves.
Du « Vorrei baciarti » de Monteverdi au « Sempre piangero » de Bononcini en passant par l’ouvrage sacré de Heinrich Schütz « Lobet den Herren », enchaînant avec le fameux « Sound the trumpet » de Henry Purcell -le tube des contre ténors!- pour terminer avec le brillant duo Arcadien de Georg Friedrich Haendel « Caro autor di mia doglia », l’alto Matthieu Peyrègne et le contre-ténor Gabriel Jublin ont formé, le temps d’un verre au Bar Baroque situé dans le vieux Nice, un duo d’une exceptionnelle qualité. Duo dont le juvénile enthousiasme, communiqué au public privilégié qui assistait à leur premier concert samedi 23 octobre, n’était certainement pas le moindre de leurs atouts.
Accompagnés à la viole de gambe par Nina Rouyer et au théorbe par Hugues Dauscher, d’une étonnante complicité pour une première performance commune, les deux jeunes artistes, tous deux instrumentistes et formés dans la Région PACA, ont su habilement jouer de leur registre vocal respectif.
Si Gabriel Jublin poursuit à présent un Master en chant médiéval-renaissance en la prestigieuse Schola Cantorum Basiliensis dans la classe de Dominique Vellard, il suit régulièrement les master classes de Richard Levitt, Andréas Scholl et Gerd Türk à Bâle. Des master classes (celle de Dominique Vellard comme celle de Gerd Türk) que Matthieu Peyrègne a également fréquentées en 2007 et en 2010. La relève des artistes baroques ne semble pas seulement prometteuse. Compte-tenu des applaudissements marqués du public ce soir là, elle paraît même assurée.