L’opéra de Nice nous a offert en mars Sémiramide de Rossini. Un plongeon dans l’histoire antique, dans Babylone, l’Assyrie.
On se recueille au temple de Baal, le chef des mages écoute un oracle. L’opéra commence. Sémiramide est basée sur la tragédie en cinq actes de Voltaire : Sémiramis.
Le librettiste Gaetano Rossi va transformer la pièce du maître de Ferney en un opéra en deux actes. Sémiramide, outre les voix, on connait la difficulté vocale à interpréter Rossini, avec la réussite des interprètes, nous nous attarderons surtout sur la mise en scène de Jakob Peter Messer. Elle aura probablement choqué les puristes. Pourtant le metteur en scène a parfaitement adapté cet opéra pour le public du XXI° siècle.
Un critique, en parlant des mises en scènes modernes faisait la comparaison avec le cinéma : « C’est comme le cinéma, si on en était resté aux origines, nous aurions toujours le muet et le noir et blanc. Avec les techniques actuelles, on réadapte les mises en scènes pour le public contemporain et demain, d’autres metteurs en scènes feront d’autres innovations, rendant ainsi les opéras vivants. »
Le temple de Baal avec son scorpion ornant son tympan, est sobre, nu, austère comme un temple protestant, il va à l’essentiel : ‘Baal’ La reine, sa cour, écoutent les sentences du grand prêtre. Les chœurs vêtus de noir. Tout cela donne une profondeur à un décor semblant dépasser la scène.
Le rideau se lève, s’abaisse, le public pénètre ainsi cet opéra, voire, entre lui aussi dans le temple. Le drame est toujours présent, le spectre du roi jadis assassiné par sa femme et Assur. C’est l’amour impossible qui se dessine devant nous et va se conclure entre trois personnages : la reine, Assur et Arsace. Impossible ? Oui, sauf inceste. Arsace est Ninia le fils de la reine, disparu, caché, un Moïse sauvé des eaux. Il se bat avec Assur, la reine est tuée, Assur se suicide et Arsace reçoit la couronne de son père.
Le rideau tombe, le spectre peut disparaître et retrouver son tombeau. Le public applaudi les interprètes, le metteur en scène, une mise en scène moderne, ultra moderne avec le doudou de Ninia et surtout les deux gardes du corps d’Assur en Ray-Ban et portant des colts.
Une mise en scène digne des Chorégies d’Orange, un opéra de Nice innovant, oui le critique avait raison, l’opéra est bien vivant et c’est tant mieux !
Thierry Jan