Notre vision des choses limite notre point de vue. Nous appréhendons tout de façon binaire : le bien et le mal, l’ordre et le désordre, la lumière et les ténèbres. Pourtant, le « bien » et le « mal » qui semblent opposés seraient en fait reliés à deux « lois » de la Nature, deux concepts fondamentaux, l’Entropie et l’Émergence, qui coexistent bel et bien et ne peuvent fonctionner l’une sans l’autre.
Les sciences naturelles soutiennent la coexistence de deux concepts fondamentaux qui semblent opposés de prime abord : l’Entropie et l’Émergence. L’Entropie ramène à une idée de désordre, une notion que l’on peut juger négative. Tout a une finalité. Quoi que l’on fasse, il arrivera un moment où il n’y aura plus âme qui vive sur Terre, nous mourrons tous. La fin du monde est inéluctable. Face à cette Entropie, à cette vision de la mort ultime de l’Univers, se situe le concept d’Émergence, que l’on pourrait assimiler à l’ordre. Et malgré ce que l’on pourrait penser, l’Émergence fonde sa capacité à s’organiser par la conséquence de la croissance de l’Entropie, et non pas malgré elle.
Le livre « Émergence » de Jacques Neirynck nous montre que l’Émergence retrace la Création comme un processus conforme aux « lois » de la Nature : la survenue de l’ordre local à partir du chaos global. Autrement dit, c’est l’Émergence qui nous a créés. Dans son livre, l’auteur nous montre que tout, de l’apparition de la vie à l’histoire de notre planète jusqu’à aujourd’hui, est étroitement lié à ces deux concepts d’Entropie et d’Émergence. Il retrace, par ordre chronologique, l’histoire de notre existence et en vient à la conclusion suivante : « Les deux concepts, Entropie et Émergence, se situent à la base de notre savoir, physique et historique, ils découlent de fonctions tellement fondamentales que l’on peut estimer qu’elles ne changeront jamais. Les hommes se placent à l’intersection de cette double découverte. Comme ils périssent par l’Entropie, il faut qu’ils découvrent leur sens dans l’Émergence. »
Jacques Neirynck nous raconte donc l’histoire de notre espèce au travers des notions d’Entropie et d’Émergence, en quelque sorte. Après des premiers chapitres qui nous expliquent ces deux concepts de façon assez théorique, il les applique à notre Histoire, dans des situations précises qui nous permettent de mieux comprendre ces idées. C’est pourquoi il est question, par exemple, de l’Émergence du Néolithique, du Moyen-Âge, de la Renaissance, ou encore de la chute de l’Empire romain qui est l’œuvre d’un mécanisme impitoyable : la croissance de l’Entropie alliée à l’incapacité de susciter une Émergence.
Il n’existe donc pas deux forces opposées qui se contredisent dans l’Univers. Il n’y a pas d’un côté le bien et de l’autre le mal. « Entropie et Émergence sont deux faces du même phénomène, à la fois destructeur et constructeur. Dans l’optique de l’Émergence, il faut accéder à un système technique stable, ce qui implique que l’on contrôle la démographie d’une part et les ressources disponibles, renouvelables ou non. Sans cette prudence, le poids de l’Entropie finit toujours par l’emporter, par suite du déséquilibre grandissant entre la population qui augmente et les moyens qui s’épuisent. »
Cet ouvrage, bien qu’assez complexe dans son ensemble, nous éclaire sur les concepts d’Entropie et d’Émergence, en nous faisant revisiter notre Histoire sous un nouvel angle. Un ouvrage passionnant !
Le site de l’auteur : https://www.jacques-neirynck.com/