La Grande Guerre a connu son lot de malheurs . Les ravages ont provoqué ce qu’on a appelé des « Gueules cassées » C’est ce que va connaître Eugène dès 1916. Blessé au visage à Verdun il va rencontrer à l’hôpital militaire du Val de Grâce des chirurgiens , véritables architectes de son avenir .
Avec son masque de scène , il va connaître au Théâtre , à la Comédie française ,à travers l’interprétation de Cyrano que lui propose Sarah Bernhardt « le foyer incandescent de toutes les passions rêvées ou vécues » . Il deviendra ainsi un « vibrant ». Une superbe mise en scène entre tulle et rideaux translucides, très cinématographique. Des effets sonores pour évoquer entre autre comme les cauchemards du soldat . On sort très émus par ce spectacle plein de finesse et reflétant l’espoir .
Ecrite par la jeune auteure et comédienne Aïda Asgharzadeh, mise en scène par Quentin Defalt ce thème de la résilience , de la transcendance de la vie par l’Art renvoie à une identification certaine du personnage en celui qu’il incarne ,Cyrano :même manque , même empêchement.
Les mots de Rostand lui font accepter sa condition se rend-il compte ! Ces mots on en a besoin aussi comme spectateurs pour appréhender le monde et les acteurs à les prononcer nous le rendent plus bouleversant encore .Par sa sensibilité exacerbée , l’acteur va capter et rendre au public l’essence des choses , les faire vibrer en lui avant de faire vibrer les autres .C’est le don de soi , une sorte d’intercesseur qu’un acteur sur scène .
Ici ils sont quatre pour interpréter près d’une quinzaine de personnages : l’auteure elle-même , Aïda Asgharzadeh, Benjamin Brenière,Mathieu Hornuss et Amélie Manet .Exaltant et sublime ! Ce n’est pas pour rien qu’on s’y précipite depuis 2014.
Roland Haugade
