Il est fini le temps où le soir du 21 juin, chacun sortait sa guitare pour s’installer devant chez lui et faire profiter son voisinage de son talent. Mathieu, aujourd’hui auteur-compositeur, chanteur, pianiste et guitariste d’In Extenso, a connu cela au cours de projets précédents. « Lorsque j’étais dans des groupes qui faisaient des reprises, on pouvait brancher la musique et personne ne mouftait. On jouait à la sauvage, devant la pizzeria du coin ou cours Saleya. Aujourd’hui, le fête de la musique a changé, et nous aussi : on s’est éloigné de ce système pour faire apprécier notre travail à sa juste valeur. » Alors cette année, Mathieu joue avec In extenso à la médiathèque d’Antibes, à 17 heures. Aucun concert du groupe prévu en soirée.
Moins de spontanéité, c’est l’expression qui revient quand les musiciens niçois parlent de la fête de la musique. Certains ont même décidé de ne pas jouer le 21 juin, et de privilégier les tournées pendant l’été. Chinaski est dans ce cas. D’après le chanteur du groupe, Jean-Louis Rougier, « il y a tous les autres jours de l’année pour jouer de la musique. » Il garde néanmoins un excellent souvenir de l’édition 2006 : « On a joué cours Saleya, avec quelques amis. Une scène était spécialement montée pour l’occasion. La fête de la musique gardait un peu son côté spontané. Pour moi, il s’est perdu depuis. »
Maintenant, Jean-Louis Rougier est confronté à un douloureux dilemme. « Pour faire un concert en soirée, nous devons bloquer toute notre journée, assure-t-il. De plus, nous devons le plus souvent amener notre propre sono. En dessous de 200 euros par musicien, la soirée n’est pas rentable. Les bars profitent de la manifestation pour vendre des boissons. Ils sont réticents dès qu’il s’agit de payer les artistes» Tout système de pourcentage sur les consommations, proposé par certains groupes, a été abandonné. Jean-Louis Rougier est-il désabusé ? Il préfère dire qu’il est réaliste.
« Il y a peu d’occasion de se produire sur scène pour les groupes du département »
Malgré une certaine récupération de la fête de la musique à des fins commerciales, des musiciens restent emballés par l’évènement. Stéphane, dit Kitman, chanteur et guitariste des Squatters, considère que le 21 juin est « toujours important : c’est un rendez-vous de tous les musiciens, l’occasion de découvrir un style auquel on n’est pas habitué. » Pour que la fête de la musique garde son charme, il insiste sur la gratuité des concerts, « Sinon, ça dénaturalise la manifestation. »
Un concert gratuit, Amadeus Tappioka en donne justement un à La Turbie, samedi soir. Vainqueur d’un tremplin rock organisé par la FNAC, le groupe obtient ainsi une scène pour la fête de la musique. Les musiciens se réjouissent, même si Julien, le leader du groupe, est un peu amer. « Il y a finalement peu de scènes dans le coin : sur la Côte-d’Azur, les gens ne sont pas énormément tournés vers la culture. Au moment de la fête de la musique, on a parfois l’impression que l’on nous donne l’autorisation de montrer notre talent au cours d’une soirée, à condition de ne pas déranger le voisinage tout le reste de l’année. »
Cette année, la fête de la musique sera donc un peu plus professionnelle. Ce dont In extenso s’accommode très bien : « Nous jouons de la pop-indé, influencés par des artistes comme Dominique A ou Radiohead. Nous sommes tributaires des conditions techniques : pour que nos chansons rendent bien, une organisation sérieuse est nécessaire à ce niveau-là. » Une fête moins surprenante mais mieux préparée, des artistes accomplis et déjà reconnus, voilà ce qu’on peut s’attendre à voir et entendre samedi soir.
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