Ce sont des blocs de ciment faits de brûlis, rongés, troués avec des saignements de couleurs. Les formes sont diverses et on peut accrocher ces sculptures tableaux à son gré. Si bien que chaque œuvre à quatre définitions possibles. Ces coulures, résultat d’une savante alchimie expliquée par l’artiste, sont composées de ciments, colle à bois, fibres et peinture acrylique.
Martin Miguel nous donne les composants. Raphael Monticelli défini admirablement le travail de ce peintre, sculpteur, plasticien : « L’art fait le mur… » On peut y voir le symbole de la fuite, de la liberté retrouvée. On a creusé le mur et la sueur et le sang s’en échappent.
Le mur peut aussi être vu comme une œuvre d’art. Il est rongé, coloré et ce que l’on pourrait prendre pour un brûlis est en fait le fruit du savant mélange de copeaux de bois, d’oxyde de noir, d’huile de lin et de siccatif (produit servant à sécher la peinture à l’huile.) « Le mou et le dur, dans mon travail, sont deux états séparés par le temps. »
Le ciment est dur et les brûlis, dentelles noires sont le mou. Deux contraire qui s’associes et finalement s’unissent. Ce mur est troué et un filet de lumière pénètre, celui de la liberté. L’artiste dessine sur le ciment froid, on songe au petit Prince et le mouton est ici deux taches de couleurs qui égayent la morne et grise tristesse du béton.
Chaque tableau sculpture est un poème et un message d’espoir pour ceux qui sont prisonniers des quatre murs toujours trop étroits de leur maison ou prison. Le trou est plus qu’une fenêtre, il ouvre la perspective d’un horizon ensoleillé. On remarquera que les couleurs sont vives et brûlantes, des rayons de lumière.
Cette exposition vous interpellera dans vos certitudes. Tout n’est pas triste et morne, même le bêton peut inspirer la poésie et un mur a finalement beaucoup de choses à nous dire.
Thierry Jan