On avait déjà découvert Hanne Elf à la galerie Depardieu au printemps avec ses massifs de roses.
Aujourd’hui aux portes de l’automne, l’été est passé, le temps que vivent les roses, nous dit le poète, Hanne revient et nous offre une sorte de psychanalyse de cette fleur dont le symbole a inspiré les religieux, les artistes et les politiques.
Ce sont de nouvelles œuvres, le sujet est toujours la rose. L’artiste nous présente les roses déstructurées, une image décomposée de la fleur, ses épines, sa tige, ses pétales aux mille couleurs. L’intitulé de cette exposition : Des roses, malgré tout, s’explique à travers deux poèmes : un de Paul Celan et un autre de Rose Ausländer.
La fleur a vécu son temps de beauté éphémère, elle n’est plus que poussière et néant. Mais Hanne Elf en a décidé autrement. Les épines deviennent une œuvre d’art, la tige bâton de magicien, un monde féérique et enchanté. Quant aux pétales, ils sont les mots du poème dispersé par le vent.
Hanne Elf nous avait une première fois emmené dans un, son jardin enchanté, aujourd’hui, elle détricote d’une certaine façon les massifs éclatants de lumière. Ses roses sont mortes, mais il y a dans cette mort deux symboles forts : les tiges épineuses symbolisent les camps de concentration, on songera à la Shoa avec les barbelés et les pétales gisants sur le sol, seraient ces milliers de lumignons, d’âmes qui ne cédèrent jamais, soleils de la certitude de retrouver la liberté.
Alors la rose devient poussière, c’est le cycle immuable de la nature. De ses cendres renaîtront d’autres roses. Il faut la mort du grain pour le triomphe de la vie.
Thierry Jan