Le musée des beaux-arts Jules Chéret présente jusqu’au 2 novembre une exposition consacrée à Jules Henri Lengrand. Ce peintre né en 1907 à Marly les Valenciennes, décédé en 2001 à Lourmarin dans le Vaucluse, a traversé le XX° siècle, ses orages, ses guerres, ses révolutions, ses faux espoirs fondés sur les ‘ismes’ et son travail, son œuvre et son art en sont une parfaite illustration.
Jules Henri Lengrand sera, de 1934 à 1972, professeur à l’école d’art décoratif de Nice et verra donc éclore la villa Arson. Cet artiste réalisa les quatre fresques jadis exposées dans la salle des pas perdus de la mairie de Nice : Nikaïa, dédition de Nice comte de Savoie, annexion de Nice en 1792 et rattachement à l’empire de Napoléon III en 1860.
Jules Henri Lengrand est l’auteur de nombreuses œuvres dans notre département et particulièrement à Nice. L’exposition nous montre ce peintre et une partie de ses réalisations. Nous sommes saisis devant la création, la genèse, le big-bang et l’apocalypse. Tout est mêlé et non mélangé, c’est important de le souligner.
L’origine de l’univers ? Un texte, une image biblique ? Presque. Au cours du vernissage il a été évoqué les quatre fleuves du jardin d’Eden et par une magnifique métaphore, ils deviennent : couleurs flattant la vue, musique flattant l’ouïe, mots ou poésie et l’amitié. Jules Henri Lengrand avait en 1967, bien avant les fresques sur l’origine du monde et l’apocalypse, évoqué les conditions du travail artistique : « …Si rien ne se fait sans foi et sans enthousiasme, rien ne peut se faire. » Ce peintre, peut-être parce qu’il fut professeur de peinture et de dessin, est inclassable, il est de toutes les écoles : abstrait, figuratif, cubiste, impressionniste……
Une ligne néanmoins le défini : le divin dans son essence, est toujours présent. « Dans un monde où l’art est trop souvent aux impératifs de la matière, il serait souhaitable que nous puissions redonner à la forme sa puissance de suggestion et son contenu de pensée. » L’artiste s’exprimait ainsi lors d’une conférence en 1967. Jules Henri Lengrand fut un précurseur, dans ce XX° siècle asservi par les matérialismes marxistes et capitalistes, précurseur puisqu’il ouvrait les portes à d’autres choix, d’autres options.
Il faisait sienne la phrase de Malraux : « Le XXI° siècle sera spirituel ou ne sera pas. » Cette exposition vous fera découvrir les multiples facettes de cet artiste, peintures, vitraux, dessins, images du monde animal. Tout est chez lui éther et puissance, fort et léger. Ces oxymores ayant ici leur sens le plus noble.
Le musée Jules Chéret était l’écrin idéal pour exposer les tableaux de Jules Henri Lengrand, un artiste venu du nord et ses brumes, séduit par la lumière du midi où il s’installa, achevant sa vie à Lourmarin en Provence.
Thierry Jan