Le MAMAC présente, jusqu’au 30 novembre, Juliào Sarmento. Voilà une raison de plus de déserter les plages surchauffées et plombées de soleil et de vous retrouver dans ce musée qui n’a pas fini de nous surprendre.
C’est la première exposition de Juliào Sarmento au M.A.M.A.C Tout tourne autour de la femme, elle est son modèle, sa muse et son inspiratrice. Depuis des petits portraits dénudés jusqu’à des dessins, des peintures et des sculptures.
La femme pour cet artiste portugais est chanteuse, danseuse et surtout envoûtante. Des femmes sans tête, ballerines d’un ballet où le Fado et la nostalgie imprègnent l’œuvre de Juliào.
Pourquoi sans visage ? Peut-être parce que l’artiste veut nous laisser l’initiative de définir cette femme, qui elle est ? Que veut-elle nous dire ? D’ailleurs comme il l’explique : « Chaque pièce est un mot, une phrase, ainsi on peut l’interpréter à son gré. »
La vidéo montrant la présentatrice de télévision nous amène à ce questionnement, que va-t-elle dire ? Révéler ? Et durant 90 secondes on attend, elle ne parle pas, s’y prépare pourtant, mais long silence, ici plein de sens, peut-être plus que si elle avait fait une annonce fracassante. Puis c’est un pied qui disparait subrepticement derrière une porte, où va-t-elle ? Oui c’est une femme ! Une femme cagoulée qui se contemple dans un miroir posé à l’autre bout de la table. Elle est seule.
C’est probablement elle qui rêve d’être illustre et inconnue. Il n’y a pas d’opposition entre ces deux termes : Illustre inconnue ! Après tout pourquoi pas. Les femmes de Juliào Sarmento sont toutes vêtues de noir, robe avec col en V, rond, décolletée. Puis une autre vidéo avec le strip-tease à l’envers, la femme, brune aux longs cheveux, naissance d’une Diane revisitée, est nue et lentement se revêt avec des gestes mesurés.
Par certains côtés, l’artiste né à Lisbonne en 1948, exprime le climat de son pays avant la révolution des œillets. Les visages absents ou cachés seraient là pour symboliser l’absence de liberté, la censure. C’est du moins l’avis d’une personne ayant visité l’exposition. Pourquoi pas, après tout Juliào Sarmento nous invite à traduire à notre façon son travail.
Ce sont des mots, des phrases, unissons les, séparons les, on peut leur faire dire ce que l’on veut, puisque ce sont nos propres émotions que l’artiste a ici stimulées. Nos désirs, nos rêves et nos sens sont sollicités. Le spectateur est un peu voyeur. Cette exposition pourrait se nommer : La femme sans tête ou encore la femme est l’avenir de l’homme. Merci monsieur a été choisi ? Clin d’œil ou volonté de désorienter le public ?
Là est la question et à vous d’y répondre. Chacun sa réponse, sa vision, un peu la commedia dell’arte, le scénario n’est pas écrit, à nous de l’écrire. En tout cas le visiteur sera comblé par les nombreuses références au cinéma et à la littérature.
Thierry Jan