Nice-Premium : La première photo parle de l’Enfance. Pouvez vous nous la décrire ?
Bruno Wolkowitch : Ma fille avec son doudou dans les bras sur un trottoir pourri avec un air très mélancolique. Ce serait une photo en noir et blanc, en argentique.
N-P : Adolescence
B.W. : Une manière de représenter la souffrance. Une fille avec un T-shirt troué plein de boutons.
N-P : Apparence
B.W. : Un homme politique.
N-P : Vingt ans
B.W.: Un tableau de Jean-Paul Rembas sur Rimbaud.
N-P : Cinéma.
B.W. : Claudia Cardinale par terre quand on la fait tomber dans « Il était une fois dans l’ouest »
N-P : Hold Up
W.B. :Fixe de Mickael Mann. L’attaque quand De Niro sort de la banque. El Pacino attend avec son fusil à plomb.
N-P : Téléfilm.
W.B. : John Cassavetes dans Johnny Staccato. Il n’y a toujours pas les DVD. Moi, je les ai en cassettes. C’est la plus belle série. C’est une série de 1959 : il y avait un pianiste de jazz qui jouait également au détective privé. C’était sublime !
N-P : Série policière.
W.B. : Film noir, tel que le Grand Sommeil.
N-P : Polar.
W.B. : Clint Eastwood dans je ne sais pas quoi. Cet acteur, c’est l’incarnation du polar.
N-P : Théâtre.
B.W. : Salle d’un théâtre à l’italienne vide avec tous les fauteuils rouges. Totalement vide. La pemière que je rentre dans un théâtre, je monte sur le plateau et je me dis » C’est là que ça va se passer. » Je regarde cette salle vide et c’est très impressionnant. J’ai déjà fait cette photo. C’est religieux cette scène, c’est l’église.
N-P : Eglise
B.W.: L’abbaye du Thoronet.
N-P : Comédien
B.W. : Paul Newman, parce que j’ai entendu aux infos qu’il était très malade et ça me fait de la peine. Je redoute depuis que j’ai une dizaine d’années ce moment où il va mourir. J’adore cet acteur.
N-P : Vous l’avez déjà rencontré ?
B.W. : Non.
N-P : Un rêve ?
B.W. : Non, je ne suis pas quelqu’un qui rêve à ces choses-là.
N-P : Rêve.
B.W. : Rentrer dans un tableau que je ferais naître. Par exemple une toile de Brack, Evoluer dans la peinture et s’y promener, c’est un rêve !
N-P : Comédienne
B.W. : Gina Lorents, elle a 70 ans. Je l’ai vu en vrai au festival de Deauville à 10 mètres de moi. C’est la « Simone Signoret » à l’américaine.
N-P : Repas.
B.W. : En ce moment, je suis passionné par les tajines. Je cuisine tous les jours. Chez moi, c’est moi qui fait à manger… Repas … Je pense à la peinture des natures mortes. C’est très difficile de faire une photo de la bouffe … Comment photographier quand un plat est en train de bouillir ? Si je photographie avec le couvercle, on ne verra rien. Si j’enlève le couvercle ce n’est plus de la tajine. Impossible, de photographier comme je voudrais…..
N-P : Musique.
B.W. : Bob Dylan, sous n’importe quelle forme.
N-P : Hier
B.W. : Hier, quand je suis descendu de l’avion, j’avais l’impression qu’il y avait plus de fauteuils roulants qu’attendais que de gens qui sortaient de l’avion.
N-P : Sport
B.W. : La tronche de Yannik Noah quand il a gagné Roland Garros, lorsqu’il a regardé son père.
N-P : Vous connaissez Nice ?
B.W. : Très bien. J’y ai vécu par ici. Je crois qu’il est mort le chat qui était dans le bar du Négresco. Celui, que j’ai connu il y a 25 ans évidemment. J’allais au Négresco et j’avais pas d’argent. Pendant que ma copine allait à la fac à Nice, je l’attendais, j’allais au cinéma et deux ou trois fois, je suis allé boire un café au Négresco pour regarder le décor. Et il y avait ce chat sur ce fauteuil. Il habitait là bas.
N-P : Futur.
B.W. : J’ai un bébé que je photograpie tout le temps et je n’arrive pas imaginer quelle tête elle aura dans 10 ans. C’est une photo impossible.
N-P : Et la dernière photo, je vous laisse la prendre, voici l’appareil photo …
B.W. : … déjà je vais couper le flash et configurer l’appareil pour faire une photo en noir et blanc