La villa Arson inaugure avec ces quatre artistes que l’on va découvrir un troisième cycle d’études en art. Le cursus des étudiants débouchera sur un doctorat.
Ces quatre artistes : Julien Dubuisson, Ibai Hernandorena, Lidwine Prolonge et Jean Charles de Quillacq, sont un peu comme la rose des vents, leur art, leur travail, leur approche et leur fin les différentient les uns des autres et pourtant de quatre facettes que rien à priori, rapproche, ils ont réussi à monter une exposition cohérente et dont les quatre actes nous donnent la pièce d’un théâtre où la spontanéité et des performances qui se renouvellent, seraient les représentations successives de cette pièce dont la mise en scène sert à lier entre eux quatre artistes.
Dans une première salle on découvre quatre éléments : une corde, des plaques en fer, une voiture et une pierre. Chaque élément symbolise un artiste, il est le fil conducteur pour comprendre sa démarche et son travail.
Cette première salle est comme un jardin, selon l’explication du commissaire de cette exposition. Lidwine Prolonge nous invite à feuilleter des archives, des vieux journaux, des photos dont Françoise Dorléac La voiture est son symbole, on l’aura vite compris. Là elle a réalisé une performance à l’aéroport de Nice en reconstituant le dernier appel à s’embarquer de Françoise Dorléac.
Si Lidwine est la première à être découverte par le visiteur, elle est aussi la dernière avec des vidéos où l’on découvre à la fois l’artiste, la vidéaste et la passionnée des faits divers. Elle en fait des œuvres d’art et en même temps des témoignages du passé qu’elle propulse dans le futur (1964-2064) posant la question : quoi en 2064 ? Aucun de nous n’a la réponse.
Jean Charles de Quillacq nous fait partager des photos de sa famille, de lui-même et présente des objets tenant en équilibre, la corde est son élément. Œdipe, la symbolique entre le frère et la sœur, la corde, cordon ombilical ou lien du sang ? Le troisième artiste Ibai Hernandorena nous montre des photos, sortes de planches contacts sépias, cartes postales des années ‘50’ à ‘70’ « Le plus important dans une carte postale, ce n’est pas ce qu’elle représente, mais qu’elle ait voyagé. »
La symbolique d’Ibai est bien entendu symbolisée par ces plaques. Il nous évoque l’histoire de l’architecture de l’après-guerre quand il fallait tout reconstruire. Les cadres et châssis, on songe au Corbusier, à son cabanon et à la cité radieuse. La boîte d’allumette vue sous trois plans, théorie de Jacobsen sur la place par rapport à l’espace. Le mouvement, vitesse, dynamique, cinétique avec la carène d’une moto. Il est le dernier, va-t-on lui jeter la pierre ? D’ailleurs cette pierre est le signe de Julien Dubuisson. Ce sont deux projets qu’il a mené à la villa Arson : Pavillon nocturne et Old Drum.
Que permet la sculpture aujourd’hui ? Vaste question, 18 fragments, six formes différentes, l’abstraction, le visage, le sens de la mort, la pierre tombale, une vidéo où une petite fille reconstruit une structure à partir de ces 18 morceaux. Le second projet, une scène où les plans s’escamotent dans des trappes, des jeux de miroirs rendent un tapis plus grand qu’il n’est, tout s’emboîte en un jeu de trucage.
C’est un peu l’arrière d’une scène de théâtre mise à nue. Lidwine conclue cette exposition, des décors années ‘60’ et d’une certaine façon, elle nous donne rendez-vous en 2064 pour découvrir ce qu’il en sera.
Science-fiction ? Futurisme ? Non simplement une artiste qui relève un défi et nous invite à le faire avec elle. L’après-midi de la Villa Arson, une exposition à voir jusqu’au 28 décembre 2015.
Thierry Jan